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PUCELLE JEAN (mort en 1334)

Ce n'est qu'à la fin du xixe siècle que l'on a été en mesure de reconnaître l'importance du rôle joué par Pucelle dans l'évolution et le renouvellement de l'enluminure, et plus largement de l'art pictural français à partir du deuxième quart du xive siècle. À travers le nombre restreint des œuvres qui peuvent être retenues aujourd'hui comme étant de sa main, on pressent une personnalité d'un éclat exceptionnel, qui, malgré une carrière apparemment brève, a marqué profondément le milieu artistique parisien de son temps. Le mérite essentiel de Pucelle est d'avoir su intégrer aux traditions spécifiques de l'enluminure gothique septentrionale les conquêtes toutes récentes de la grande peinture italienne dans le domaine plastique et spatial.

Documents et œuvres

La plus ancienne mention concernant Pucelle figure dans un compte de l'hôpital Saint-Jacques : l'artiste y est payé pour avoir « pourtrait » (dessiné) vers 1319-1324 le sceau du célèbre hôpital protégé par Mahaut d'Artois. Trois autres documents permettent de juger de son activité d'enlumineur. Le premier est une signature tracée à la fin d'une Bible écrite par le copiste anglais Robert de Billyng (Bibl. nat., ms. lat. 11935), déclarant que le manuscrit fut enluminé en 1327 par Pucelle en collaboration avec Anciau de Cens et Jaquet Maci. Quelques inscriptions conservées dans les marges du Bréviaire de Belleville (Bibl. nat., ms. lat. 10483-10484) nous montrent Pucelle payant la participation de différents artistes à la décoration de ce manuscrit. Enfin, un article du testament de Jeanne d'Evreux a conservé le souvenir d'un livre d'heures enluminé par Pucelle entre 1325 et 1328 à l'intention de cette reine. Légué par celle-ci en 1371 à son neveu Charles V, l'ouvrage reparaît au début du xve siècle dans la collection de Jean de Berry et semble bien être, quoiqu'on en ait parfois douté, le petit livre d'heures orné de grisailles appartenant aujourd'hui au musée des Cloîtres (New York).

Jusqu'à une époque récente, on estimait que la carrière de l'artiste avait dû se prolonger jusque vers le milieu du xive siècle. La date de la mort de Pucelle (1334), établie en 1971 par F. Baron, permet de reconsidérer l'étendue de l'œuvre du maître et d'écarter de celle-ci plusieurs manuscrits postérieurs à cette date. En l'absence d'autres éléments biographiques, les manuscrits eux-mêmes fournissent des renseignements précieux sur l'artiste : leur facture raffinée, leur destination princière révèlent en Pucelle un artiste de cour précocement ouvert aux courants italiens qui pénètrent alors la peinture occidentale.

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Écrit par

  • : conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris

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