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LANVIN JEANNE (1867-1946)

Avec Jeanne Paquin, Madeleine Vionnet, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli, Jeanne Lanvin fait partie d'une génération de femmes dont la carrière a marqué la haute couture pendant l'entre-deux-guerres.

Jeanne Lanvin, fille de Constantin-Bernard Lanvin, journaliste au quotidien Le Rappel, est née à Paris en 1867 ; elle est l'aînée d'une famille de onze enfants. Au début des années 1880, elle entre en apprentissage chez la modiste Suzanne Talbot, puis ouvre en 1885 un atelier de modes rue du Marché-Saint-Honoré. En 1888, elle s'installe 16, rue Boissy-d'Anglas, dans le VIIIe arrondissement, avant d'investir un appartement situé un peu plus loin, au numéro 20. Elle donne naissance en août 1897 à une fille, Marie-Blanche, dont le père, Emile di Pietro, meurt en 1903. La naissance de la petite fille, surnommée Marguerite, coïncide avec un tournant dans la carrière de Jeanne Lanvin. En 1908-1909, elle passe du statut de modiste à celui de couturière. Elle se remarie avec Xavier Melet, artiste et érudit avec qui elle entreprend de nombreux voyages à l'étranger. Ils se séparent en 1921, mais Jeanne Lanvin garde l'habitude, décrite par Louise de Vilmorin, de rapporter de ses déplacements, toujours motivés par la création, des échantillons, des objets, des boutons, des étoffes... « Il n'est pas un couturier qui s'est documenté autant que Lanvin. [...] Elle a interrogé tous les folklores pour tenter d'en faire traduire les trouvailles ornementales par ses ateliers de broderie » (Lucien François, Comment un nom devient une griffe, Gallimard, Paris, 1961). La revue La Renaissance de l'art et des industries du luxe (juin 1924) la décrit travaillant dans un vaste studio encombré de livres, d'ouvrages d'art, de reproductions, de documents relatifs à l'histoire vestimentaire et de publications de modes.

Jeanne Lanvin constitue progressivement une collection de peintures qui réunit de grands noms : Alfred Stevens, Forain, Degas, Renoir, Bonnard, Vuillard, La Fresnaye et elle se lance en 1920 dans une entreprise originale de décoration avec Armand Albert Rateau (1882-1938).

Ancien élève de l'école Boulle, celui-ci a travaillé avec Georges Hoenstschel qui a aménagé le pavillon de l'Union centrale des Arts décoratifs pour l'Exposition universelle de Paris en 1900. De 1920 à 1922, Armand Rateau conçoit l'ameublement et la décoration des appartements privés de Jeanne Lanvin, 16, rue Barbet-de-Jouy dans le VIIe arrondissement. L'immeuble n'existe plus, mais le boudoir, la chambre à coucher et la salle de bains ont été reconstitués au musée des Arts décoratifs à Paris. Armand Rateau réalise aussi le mobilier d'intérieur et de jardin pour les résidences secondaires de Jeanne Lanvin, au Vésinet, près de Paris, et à Deauville. Ses meubles de bronze mêlent un répertoire décoratif original, à la fois égyptisant, orientalisant et gréco-romain ; les motifs zoologiques et végétaux abondent. La marguerite, surnom de sa fille à laquelle elle est très attachée, est son motif de prédilection. « Je pense, dit Louise de Vilmorin, qu'elle avait contracté dans son enfance humble cette nostalgie des mille et une nuits qui apparaît si clairement dans le type de femme qu'elle avait inventé : Isolde de harem, Mélisande un peu odalisque » (cité dans Connaissance des arts).

L'association d'Armand Rateau et de la couturière est aussi à l'origine de la décoration du théâtre Daunou, construit par l'architecte Auguste Bluysen au 7, rue Daunou, dans le IIe arrondissement. Le théâtre est inauguré le 29 décembre 1921.

Armand Rateau aménage encore les magasins Lanvin Sport et Lanvin Homme, 22, rue du Faubourg-Saint-Honoré, pour répondre à la création de ces nouveaux secteurs d'activité. En 1925, à l'occasion de l'Exposition des arts décoratifs[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du patrimoine au département design du Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou

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