BREUER JOSEF (1842-1925)
Josef Breuer est un médecin et physiologiste autrichien né à Vienne le 15 janvier 1842 et mort dans cette même ville le 25 juin 1925. Il est connu pour la prise en charge de la patiente Anna O. et son travail avec Sigmund Freud sur la théorie des névroses au début des années 1880. Breuer, avant d'entrer en rapport avec le fondateur de la psychanalyse, était déjà un savant établi, jouissant d'une excellente réputation médicale à Vienne. Il s'était intéressé, sous la direction d'Ewald Hering, à la physiologie de la respiration, attachant son nom au rôle du nerf vague et à la découverte du réflexe d'Hering-Breuer qui permet le contrôle de la quantité d’air inspiré, puis aux fonctions des canaux semi-circulaires dans l’équilibre.
À partir de 1871, Breuer se consacre à sa clientèle privée et rencontre Freud en 1880, à l'Institut de physiologie. À cette époque, il entreprend de soigner « Anna O. » (de son vrai nom, Bertha Pappenheim), célèbre cas d’hystérie. Cette malade présente divers symptômes : paralysie des membres inférieurs, troubles de la vue, toux nerveuse et anorexie, tous ces signes relevant d'une fixation psychosomatique. Il la fait parler, et ces récits font disparaître les symptômes. Anna-Bertha baptise elle-même la cure psychanalytique en train de naître chimney-sweeping, cure de ramonage. Mais Breuer fait bientôt l'expérience douloureuse du transfert et du contre-transfert : Anna O., à la suite d'un arrêt du traitement décidé par son médecin, développe le soir même des symptômes de grossesse hystérique et d'accouchement ; Breuer, terrorisé, tente un moment de recourir à l'hypnose et abandonne sa patiente dès le lendemain.
Par la suite, Freud tire le plus grand enseignement de ces périls, et donne à la cure psychanalytique de solides remparts contre les dangers transférentiels que Breuer n'a pas su maîtriser. En 1895, celui-ci publie avec Freud les Études sur l'hystérie, dans lequel il décrit le cas Anna O. et où l'on voit progressivement le traitement de l'hystérie se dégager de l'hypnose au profit du seul recours au langage et à la parole. Mais Breuer supporte mal les idées de Freud, avouant qu'il se sent devant celui-ci « comme une poule devant un aigle » : il résiste en particulier à l'idée que la sexualité est à l'origine de tous les troubles névrotiques. Dès la parution de leur ouvrage commun, les relations entre Breuer et Freud deviennent tendues ; elles sont compliquées de surcroît par des dettes d'argent, qui mettent Freud dans une position de reconnaissance financière qu'il supporte mal. Comme on le constate souvent dans la vie de Freud, une amitié longue et une collaboration fructueuse se terminent par une rupture pénible.
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Écrit par
- Catherine CLÉMENT : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de l'Université
Classification
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