PAVEL JOSEF (1908-1973)
Ayant adhéré au Parti communiste tchécoslovaque, en 1929, Pavel étudie de 1935 à 1937 à l'Académie Lénine de Moscou et à l'école militaire de Riazan. Commandant des brigades internationales créées pour venir en aide aux républicains espagnols, il assure, en 1937-1938, le commandement du bataillon Čapaev et du régiment Georges Dimitrov ; il obtient ses étoiles de général. Interné de 1939 à 1942 dans divers camps en France et en Afrique du Nord, il gagne par la suite la Grande-Bretagne, puis l'U.R.S.S. et sert dans ces pays comme officier des unités tchécoslovaques. Placé par Slánsky, de 1945 à 1947, au poste de secrétaire à l'organisation des comités régionaux du parti à Usti puis à Pilsen, il devient responsable de la section de sécurité du comité central et commandant des milices populaires. À ce titre il joue un rôle déterminant lors de la prise du pouvoir par le P.C.T. en 1948. Dès janvier 1949, il est général de la police en uniforme (S.N.B.) et vice-ministre de l'Intérieur. Au printemps de 1949, après le IXe congrès du parti, Pavel devient membre du secrétariat à l'organisation. Cet organe exécutif du secrétariat du comité central joue le rôle d'une commission suprême des conflits et organise les campagnes idéologiques. Lorsqu'en septembre 1949, avec l'excommunication des titistes et le procès Rajk, la suspicion s'abat sur les anciens d'Espagne et sur les hommes de Slánsky, Pavel s'oppose à la mise en accusation du « groupe des Espagnols » (Šling, London et Simon) et à l'existence d'un organisme soviétique de contrôle parallèle dans la police. Désignés comme « espions » et « agents de l'Occident », les membres de son équipe et lui-même sont condamnés en février 1951 à la prison ; bien qu'il ait à purger une peine de vingt-cinq années de détention, Pavel est discrètement libéré en 1955.
Pavel va être l'un des initiateurs du Printemps de Prague. À l'automne de 1967, les vétérans du parti, qui se réunissaient à l'institut d'histoire du P.C.T., constituent l'état-major des « libéraux ». À cette époque, sentant sa destitution proche, Novotny, aidé du chef de la section « État et administration » du comité central, fait venir à Prague des brigades blindées et rappelle les réservistes de la capitale ; il opère alors, par l'entremise de ses complices, les généraux Janko (qui s'est suicidé peu après), Šejna (émigré illégalement par la suite aux États-Unis) et Rytíř. D'autres généraux, Dzur et Prchlík, en avertissent Pavel et ses amis qui, avec Dubček, démasquent les auteurs du complot de janvier et les remplacent par des hommes sûrs. Le 8 avril 1968, Pavel entre dans le cabinet Černík comme ministre de l'Intérieur ; il arrache à ce ministère le contrôle de la censure et de la police politique et il publie ses souvenirs de prison, véritable réquisitoire contre les mœurs politiques des années 1950. Il laisse faire les auteurs du Manifeste des deux mille mots, s'attirant ainsi les foudres des novotnystes et de la presse soviétique. Au premier jour de l'invasion du pays, Pavel réplique en mettant les hommes de son ministère à la disposition des responsables élus du parti, des journalistes et des leaders des syndicats. Le 22 août 1968, le XIVe congrès clandestin du P.C.T. l'élit au comité central mais il est contraint, le 3 septembre, à démissionner, conformément aux engagements pris par Dubček à Moscou. Malgré le soutien de l'opinion publique, Pavel doit s'en aller, non sans avoir révoqué à la dernière minute les dirigeants de la police inféodés aux Soviétiques. Privé de tout droit de réponse, il est exclu du parti en 1970. Il meurt isolé.
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Écrit par
- Vladimir Claude FISERA : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études
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Média