LAKE PLACID (JEUX OLYMPIQUES DE) [1980] Contexte, organisation, bilan
Lake Placid avait accueilli les Jeux d'hiver en 1932 : cette édition ne marqua pas l'histoire et les compétitions furent assez mal organisées. Depuis lors, cette petite bourgade de l'État de New York sollicita sans succès les suffrages du C.I.O. à trois reprises, en vue des Jeux de 1952, de 1956 et de 1968 : le souvenir mitigé de 1932 influença-t-il le Comité, qui recala à chaque fois Lake Placid ? Ce village de la région des Highs Peaks, dans le massif des Adirondacks, tente de nouveau sa chance pour les Jeux d'hiver de 1980, et le scénario semble se répéter : les « cardinaux » préfèrent sa seule rivale, Vancouver, notamment parce que, à l'instar des Jeux d'été, il paraît désormais indispensable de confier les Jeux d'hiver à une métropole importante (Grenoble, Sapporo...).
Vancouver a donc toutes les cartes en main au moment où le C.I.O., réuni pour sa soixante-quinzième session du 21 au 24 octobre 1974 à Vienne (Autriche), examine les deux candidatures. Or – coup de théâtre – Vancouver se désiste juste avant le vote : Lake Placid accueillera donc les XIIIes jeux Olympiques d'hiver de 1980. Le comité d'organisation (Lake Placid Olympic Organizing Committee, L.P.O.O.C.) se met rapidement en place ; Ron MacKenzie, âme de la candidature, ancien sportif éclectique et dirigeant estimé, en est nommé président. Il ne pourra pas achever sa tâche, emporté par la maladie en 1978 ; le révérend J. Bernard Fell lui succédera.
Le L.P.O.O.C. choisit de confier l'édification de toutes les infrastructures nécessaires pour les Jeux à une seule société, la Gilbane Building Company, basée à Providence (Rhodes Island) ; celle-ci, chargée de superviser les études, la construction, l'entretien et l'usage des installations, doit notamment veiller à ce que toutes les infrastructures permanentes puissent être réutilisées après les Jeux pour la population. Cette intention louable provoque une réelle faute de goût : le village olympique, construit à Ray Brook, à 13 kilomètres de Lake Placid, deviendra après les Jeux une prison pour délinquants mineurs, c'est-à-dire une maison de correction ! Ce réemploi malvenu provoque l'ire de nombreuses délégations, dont les sportifs sont logés... dans de futures cellules carcérales !
Quatorze projets sont mis en œuvre, pour un coût de 92 millions de dollars. L'ancien pavillon olympique est rénové, et huit mille cinq cents spectateurs peuvent assister aux compétitions de patinage artistique et de hockey sur glace dans ce Field House, cœur du centre olympique. Un anneau de vitesse de 400 mètres est construit tout près de ce centre olympique. Les compétitions de ski alpin se déroulent sur des pistes tracées sur le mont Whiteface. Les épreuves de bobsleigh et de luge se tiennent sur le mont Van Hoevenberg : la piste de bobsleigh construite pour les Jeux de 1932 est totalement rénovée ; une piste de luge est édifiée pour l'occasion. Les épreuves de ski de fond et de biathlon ont également lieu sur le site du mont Van Hoevenberg. Deux tremplins de saut à skis sont implantés à Intervale. Lake Placid propose ainsi des Jeux compacts, tous les sites étant réunis sur une superficie réduite. L'importance des droits de retransmission télévisée pour le financement des Jeux croît : les chaînes versent 21 millions de dollars (environ 105 millions de francs de l'époque ; en 1976, à Innsbruck, les droits se montaient à 58 millions de francs) pour retransmettre les Jeux, les trois quarts de cette somme étant réglés par A.B.C., diffuseur exclusif aux États-Unis, qui assure également la coordination des opérations et la réalisation des images, retransmises dans quarante pays. Le rapport officiel du comité d'organisation indique que le coût des Jeux se monte à 168 millions de dollars.
Lake Placid est fin[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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