- 1. La découverte des terres rares
- 2. État naturel
- 3. Séparation et purification
- 4. Propriétés Physiques
- 5. Propriétés chimiques
- 6. Toxicité des terres rares
- 7. Applications liées aux propriétés chimiques
- 8. Applications liées aux propriétés optiques
- 9. Applications liées aux propriétés magnétiques
- 10. Économie des lanthanides
- 11. Bibliographie
LANTHANE ET LANTHANIDES
Le groupe des lanthanides est constitué par quinze éléments dans la classification périodique des éléments chimiques de Mendeleïev. Ils occupent dans ce tableau une position particulière, puisque tous sont paradoxalement réunis dans une même case, ce qui conduit à l'écriture d'une ligne supplémentaire, en dehors du tableau, tout comme pour le groupe des actinides. La famille commence par le lanthane, de numéro atomique 57, et se termine par le lutécium de numéro 71. Le tableau 1 présente quelques-unes de leurs caractéristiques physico-chimiques élémentaires. Deux autres éléments s'ajoutent à la famille : le scandium (Sc, no 21) et l'yttrium (Y, no 39), en raison des grandes analogies de leurs comportements chimiques. C'est pour cela que l'on préfère souvent utiliser le nom générique de terres rares, donné par les anciens chimistes, qui regroupe les lanthanides et ces deux éléments supplémentaires. Ce nom est historiquement associé à la difficulté que les chimistes avaient à les isoler sous une autre forme chimique que l'oxyde, très réfractaire (terre en ancienne chimie), l'épithète rare rappelant leur faible concentration dans les minerais, bien que l'abondance naturelle soit globalement plus importante que celle de l'argent ou l'or.
Dans la suite de ce texte, nous utiliserons l'expression « terre rare » plutôt que « lanthanide » et le symbole Ln pour l'ensemble de ces éléments. Si leurs propriétés chimiques sont plutôt voisines, leurs propriétés physiques sont bien différentes, ce qui explique en grande partie la spécificité de leurs applications. Ils sont utilisés aussi bien pour des applications ne demandant que des puretés chimiques relatives que dans le domaine des technologies avancées, où la pureté et la conformation physique du composé constituent une part prépondérante de la performance.
La découverte des terres rares
La découverte de la famille des terres rares (tabl. 2) et plus encore la séparation des différents éléments représentèrent une grande aventure scientifique dans laquelle la patience, l'obstination et le savoir-faire du chimiste ont précédé la vision théorique des choses. L'épopée a duré cent soixante ans, avec de nombreux chercheurs célèbres ou moins connus, des bonheurs inégaux, et parfois des découvertes qui se sont révélées erronées ou incomplètes. On y retrouve également des querelles d'école, des batailles portant sur la paternité et le baptême des nouveaux éléments et dans lesquelles le nationalisme chauvin n'était pas absent.
Pour suivre la généalogie de la famille, il convient de rappeler que les composés des terres rares trivalentes ont des coefficients de solubilité très voisins et que la technique de séparation reposait alors sur les cristallisations répétées de sels solubles alternant avec leur contraire, les précipitations fractionnées de composés peu solubles. Pour se forger une idée de ce travail de précision, on peut citer l'exemple de la découverte du lutécium en 1907 par Georges Urbain, après 15 000 cycles de cristallisations fractionnées. Chaque cycle représenta des dizaines de manipulations chimiques de dissolution, chauffage, précipitation, filtration, refroidissement, séchage, sans parler des flacons à étiqueter et à classer. Toutes proportions gardées, on peut penser que seul le décryptage en 2001 du génome humain s'en rapproche en matière de complexité.
L'aventure débuta en 1787, lorsqu'un minéralogiste amateur suédois, lieutenant d'artillerie de son état, Karl Arrhenius (homonyme du célèbre chimiste du milieu du xixe siècle), découvrit un nouveau minéral à Ytterby, petit village près de Stockholm (Suède). Du nom de ce village dériveront ceux d'une grande partie des éléments à venir. En 1792, Johan Gadolin, professeur à l'université de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Concepcion CASCALES
:
cientifico titular - Patrick MAESTRO : auteur
- Pierre-Charles PORCHER : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Regino SAEZ PUCHE : professeur de chimie inorganique
Classification
Médias
Autres références
-
COMPLEXES, chimie
- Écrit par René-Antoine PARIS et Jean-Pierre SCHARFF
- 4 304 mots
- 5 médias
...éliminer les cations métalliques des eaux résiduaires par coagulation-floculation. En outre, les séparations très délicates des éléments du groupe des lanthanides et du groupe des actinides n'ont pu être réalisées commodément que selon deux techniques utilisées soit séparément, soit conjointement :... -
IONS ÉCHANGEURS D'
- Écrit par Robert ROSSET
- 6 108 mots
- 13 médias
La séparation des lanthanides : elle est effectuée sur un échangeur de cations en superposant à la réaction d'échange simple, pour laquelle les différences d'affinité sont quasi nulles, une réaction de formation de complexes, en solution, avec l'acide α-hydroxyisobutyrique (CH... -
MAGNÉSIUM
- Écrit par Maurice HARDOUIN et Michel SCHEIDECKER
- 4 273 mots
- 8 médias
L'addition de thorium (radioactif), de lanthanides ou d'argent permet de maintenir les propriétés mécaniques mesurées à chaud. Ces éléments sont compatibles avec le zirconium, et les propriétés spécifiques des deux types d'addition sont cumulatives. Ces alliages sont susceptibles de durcissement... -
MAGNÉTISME
- Écrit par Damien GIGNOUX , Étienne de LACHEISSERIE et Louis NÉEL
- 15 617 mots
- 14 médias
Le magnétisme le plus marqué et le mieux compris est celui des terres rares, ou lanthanides, dont les électrons « magnétiques » sont ceux de la couche profonde 4f, écrantée par d'autres couches complètes extérieures, 5s et 5p. Les effets de l'environnement, sans bouleverser totalement... - Afficher les 7 références