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LAPONS

Seul peuple d'Europe à vivre en majorité au nord du cercle polaire, les Lapons (ou Sami) demeurent les représentants les plus occidentaux de la culture du renne, culture qui s'étend sur toute la bordure littorale arctique de l'Eurasie. Bien qu'ils soient à peine plus de soixante-quinze mille en 2005, ils sont éparpillés dans tout le nord de la Fennoscandie, de l'arrière-pays de Trondheim à l'extrémité orientale de la presqu'île de Kola. Ils y cohabitent avec d'autres populations, généralement plus nombreuses, auxquelles ils tendent de plus en plus à s'intégrer. On compte environ quarante-cinq mille Lapons en Norvège, vingt mille en Suède, dix mille en Finlande, un peu trois mille en Russie. La plupart d'entre eux sont aujourd'hui bilingues.

Les Lapons sont-ils les derniers représentants d'un fonds de peuplement paléo-européen inexorablement refoulé vers le nord par l'installation sur la Baltique des tribus proto-finnoises ? Sont-ils des Samoyèdes tardivement finnisés ? Doivent-ils être mis en relation avec l'une ou l'autre des différentes cultures préhistoriques découvertes dans l'Europe du Nord ? Faut-il même, comme l'ont avancé certains esprits téméraires, chercher en eux les descendants de quelque homme de Cro-Magnon que la fin de la dernière glaciation aurait contraints à faire paître le renne – ou à le chasser – sous des latitudes toujours plus septentrionales ? Les données de la linguistique et de l'anthropologie, si elles permettent de poser plus clairement l'énigme de leur origine, semblent encore très loin d'en fournir la clef.

Plus solide et non moins fertile s'avère, en définitive, le champ d'étude offert à l'observation de l'ethnologue et du sociologue par les Lapons qui sont passés en quelques générations d'un mode de vie quasi préhistorique de type subarctique à la civilisation la plus moderne.

Répartition

Il est d'usage de diviser les Lapons en trois groupes, dont les limites précises sont toutefois difficiles à marquer.

Les Lapons des montagnes, nomades et éleveurs de rennes, pratiquent la transhumance dans l'intérieur des deux Laponies scandinaves ainsi que dans les régions les plus désertiques de la Laponie finlandaise. Particulièrement protégés contre les influences extérieures par les rigueurs du milieu naturel, ils sont ceux qui perpétuent avec le plus de fidélité la culture et le mode de vie traditionnels. Ils s'abritent en hiver dans les forêts qui tapissent le fond des vallées, et s'ils ne peuvent plus, comme autrefois, remonter en été jusqu'à la côte de l'océan Arctique, du moins suivent-ils leurs troupeaux sur les sommets enneigés des montagnes, là où le vent souffle assez fort pour chasser les nuées de moustiques qui, en juin et juillet, infestent le pays. En Finlande, seuls les hommes nomadisent, les autres membres de la famille menant une vie sédentaire dans des maisons de rondins analogues à celles des Finnois.

Les Lapons de la forêt, dont la pêche était naguère la ressource principale, mènent encore sporadiquement une existence semi-nomade le long des rivières et des lacs. On les rencontre en Laponie suédoise, dans les paroisses finlandaises d'Inari et d'Utsjoki, dans la presqu'île de Kola. Le développement de l'agriculture et de l'élevage aux dépens des activités traditionnelles contribue fortement à leur sédentarisation. Celle-ci était même achevée pour les Lapons d'U.R.S.S., qui avaient été regroupés pour les besoins de la collectivisation.

Les Lapons du littoral arctique, entièrement sédentaires, sont, pour la plupart, les descendants d'anciens éleveurs de rennes – pauvres, venus tenter leur chance parmi les populations norvégienne et finnoise. Ils pratiquent la pêche et l'élevage. Leur niveau de vie, longtemps[...]

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