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RAVEL MAURICE (1875-1937)

Maurice Ravel - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

Maurice Ravel

Avec Fauré et Debussy, dont il était le cadet, Ravel partage la gloire d'avoir « fait » la musique française du premier tiers du xxe siècle. Élève du premier, auquel il dédia son Quatuor à cordes, la mode et le snobisme des premières années du siècle voulurent faire de lui un rival du second. Il s'agissait d'une erreur de perspective, comme il s'en produit fréquemment lorsqu'on manque du recul nécessaire, car la personnalité de Ravel est unique et toute comparaison avec un autre musicien, même avec l'un de ses obscurs épigones, ne saurait être qu'artificielle. Cette personnalité paraît d'ailleurs paradoxale, pour peu qu'on cherche à l'analyser. Novateur hardi, Ravel marque cependant assez faiblement de son empreinte les musiciens qui lui succèdent ; toutefois, durant de longues années, les candidats au prix de Rome se sont obstinés à l'imiter. Musicien rigoureux, amoureux des agencements sonores longuement calculés et réfléchis, il n'obtint pas, lui-même, cette récompense suprême. Inventeur audacieux de savoureux agrégats harmoniques, il manifeste un amour constant pour les formes musicales traditionnelles (son Quatuor est presque une forme « d'école » et il fait survivre dans plusieurs de ses œuvres l'esprit des « suites françaises »). Orchestrateur prodigieux, il lui arrive souvent de ne pas penser directement pour les timbres instrumentaux et d'orchestrer, ensuite, des œuvres déjà écrites pour le piano. Épris de liberté, il paraît s'imposer perpétuellement d'insolubles gageures. Mais il reste à cette personnalité au moins deux constantes : le perpétuel souci de la perfection et le culte de la clarté. Il est juste, d'ailleurs, de parler de constantes, car si, chez la plupart des musiciens, on observe une évolution entre la jeunesse et la maturité, l'œuvre de Ravel jouit d'une remarquable unité. Chez lui, point de balbutiements ou d'essais maladroits ; dès ses premières compositions, il accède à la maîtrise. En revanche, on ne trouve pas dans ses derniers travaux cette ascèse révolutionnaire qui est si caractéristique de la dernière manière de la plupart des grands musiciens. Le souci de la clarté et de l'unité semble avoir effacé chez lui, d'emblée, toute hésitation et avoir tracé définitivement sa route. À la fois typiquement français et étonnamment universel (il connut, très rapidement, une vaste audience internationale), Maurice Ravel est l'exemple parfait de l'artiste qui n'a jamais renoncé au souci du métier de l'artisan et du « compagnon » directement promu à la « maîtrise ».

Des origines diverses

Ce musicien si français commence par recueillir un héritage en lequel se mêlent des origines diverses. Son grand-père paternel était de nationalité helvétique. Son père, ingénieur, épousa en 1874 une jeune fille d'origine basque, Maria Deluarte, à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz et, le 7 mars de l'année suivante, naissait l'aîné de cinq enfants : Maurice. À l'âge de quatorze ans, celui-ci entre au Conservatoire de Paris dans la classe de piano, qu'il quitte dès 1897 pour les disciplines de l'écriture musicale : le contrepoint et la composition pour lesquelles il a pour maîtres André Gedalge et Gabriel Fauré. Il retient du premier la méticulosité dans l'invention qui rapproche le tempérament de l'ingénieur de celui du musicien, et du second la sensibilité contenue qu'il livrera ensuite dans ses œuvres. En 1901, Ravel obtient un second grand prix de Rome avec une cantate assez anodine : Myrrha. Il n'obtiendra jamais le premier grand prix car, après plusieurs échecs, il est déjà devenu un compositeur reconnu, à l'originalité incontestable et qui effraye les dignes membres du jury, à tel point qu'ils ne l'admettent même plus[...]

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Écrit par

  • : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

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Maurice Ravel - crédits : Topical Press Agency/ Getty Images

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