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RAY NICHOLAS (1911-1979)

Adulé par les uns, qui voient en lui une manière d'Arthur Rimbaud du cinéma, regardé avec plus de distance par d'autres pour lesquels il reste un cinéaste attachant mais non majeur, Nicholas Ray tient une place à part dans l'histoire du cinéma américain. Ses différends avec les producteurs, le remontage de certains de ses films, les problèmes qu'il connut avec l'alcool, sa retraite prématurée en 1962, ont contribué à façonner l'image d'un cinéaste maudit. Pourtant il est difficile de qualifier de maudit un metteur en scène qui a tourné, sans interruption, vingt films en seize ans, qui, à une exception près, n'a travaillé que sur des films aux budgets appropriés, pour les plus importantes sociétés de production hollywoodienne, et qui a été choisi par des vedettes telles que Humphrey Bogart et James Mason pour réaliser les films produits par eux. Ajoutons qu'il s'est vu confier des budgets phénoménaux par des « tycoons » tels que Howard Hughes et Samuel Bronston, et qu'il a terminé sa carrière en dirigeant trois superproductions. En comparaison de celle d'Orson Welles, sa carrière apparaît alors des plus normales et s'apparente, dans son évolution, à celle de nombre de ses contemporains.

La vie et les films

Né le 7 août 1911 à Galesville dans le Wisconsin, Nicholas Raymond Kienzle commence par faire des études d'architecture (notamment avec Frank Lloyd Wright) et d'art dramatique. En 1932, il s'installe à New York où il conduit des activités théâtrales diverses (acteur, animateur ou directeur d'atelier, responsable administratif) au sein de différentes troupes, institutions ou universités. Au cours de ces activités, il se lie d'amitié avec Elia Kazan, Joseph Losey et John Houseman. En 1941, il est nommé par ce dernier directeur du War Information Radio Program. En 1943, il donne sa première mise en scène théâtrale à Broadway. L'année suivante, Elia Kazan le choisit pour être son assistant sur le tournage de son premier film, A Tree Grows in Brooklyn (Le Lys de Brooklyn). Il assiste ensuite John Houseman pour des mises en scène à Broadway, puis dirige, en 1946, à la télévision, la dramatique Sorry Wrong Number.

En 1947, John Houseman, devenu producteur pour la R. K. O., lui confie la réalisation de They Live by Night (Les Amants de la nuit, 1949), un film noir construit autour d'un couple de fugitifs traqués par la police. En quatre ans, Nicholas Ray va signer sept autres films à petit budget, cinq pour la R. K. O. et deux pour Santana, la société de production de Humphrey Bogart, distribués par Columbia : A Woman's Secret (1949), Knock on Any Door (Les Ruelles du malheur, 1949), In a Lonely Place (Le Violent, 1950), Born to Be Bad (1950), The Flying Leathernecks (Les Diables de Guadalcanal, 1951), On Dangerous Ground (La Maison dans l'ombre, 1952), The Lusty Men (Les Indomptables, 1952), tous drames psychologiques ou sociaux, y compris Flying Leathernecks qui se déroule sur fond de guerre.

Après avoir quitté la R. K. O., Nicholas Ray devient indépendant et tourne indifféremment pour divers studios : Republic Picture, Paramount, Warner Bros, 20th Century Fox et M-G-M. Commence alors une seconde période qui tranche radicalement avec la première : au format standard et au noir et blanc, si l'on excepte The Flying Leathernecks, peu personnel et dans lequel la couleur n'est pas « traitée », il substitue la couleur, généralement flamboyante, saturée, et l'écran large, principalement le CinemaScope, un format qu'il affectionne et dont l'« horizontalité » fait écho aux préoccupations de son mentor Frank Lloyd Wright.

La Fureur de vivre, N. Ray - crédits : Warner Brothers/ Getty Images

La Fureur de vivre, N. Ray

Pour Republic, qui marque son unique incursion dans un petit studio, il signe Johnny Guitar (Johnny Guitare, 1954), un western baroque et romantique. Il réalise ensuite un autre western, Run for Cover[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

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