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RABANNE FRANCISCO RABANEDA CUERVO dit PACO (1934-2023)

Paco Rabanne - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Paco Rabanne

S’il s’est situé intentionnellement en marge du brouhaha de la mode, Paco Rabanne n'en demeure pas moins un des créateurs les plus révolutionnaires dans le domaine vestimentaire, où il a introduit la notion de modernité.

Originaire de Pasaia, dans le Pays basque espagnol, Paco Rabanne (de son vrai nom Francisco Rabaneda y Cuervo), né le 18 février 1934, est le fils d'une première d'atelier de la maison de couture espagnole Eisa, dirigée par Cristobal Balenciaga. Après la mort de son père, officier de l’armée républicaine fusillé par les franquistes, la famille quitte l’Espagne et s’établit en France, près de Morlaix. À partir de 1952, Paco Rabanne entreprend à Paris des études d'architecture à l'École des beaux-arts, notamment auprès d’Auguste Perret. Parallèlement, ses dessins de mode séduisent Balenciaga et Hubert de Givenchy, mais sa première vocation est de créer des accessoires pour la haute couture : ceintures, bracelets, etc. Pierre Cardin, auquel il propose des projets de colliers, lui suggère de faire du bijou l'élément central d'une robe. Dans le climat de création qui caractérise le début des années 1960, Paco Rabanne conçoit des bijoux de plastique d'une évidente originalité, et imagine des robes destinées à mettre en valeur un accessoire, une parure. Dès 1966, avec la collection « Manifeste », ses robes deviennent des bijoux géants qu'il crée avec l'aide de sa sœur, Olga Rabaneda : le métal, les matières plastiques qui les composent contribuent à produire un effet insolite. Chaque modèle se présente comme un prototype, une épure d'architecture. La rigueur structurelle des créations de Paco Rabanne rappelle sa formation d'architecte. Au lieu du textile qui avait été, par définition, le matériau fluide employé pour la couture, il choisit des matières rigides, et ses robes ont l'aspect de carapaces articulées : rondelles, anneaux et mailles métalliques sont les éléments constitutifs de cette esthétique exigeante. Parmi les costumes les plus caractéristiques, on retiendra des maillots de bain métalliques (1966), ainsi qu'une minirobe en plaquettes d'or créée pour la chanteuse Françoise Hardy et une tunique décolletée, en sequins métalliques, imaginée pour Brigitte Bardot.

Les recherches de Paco Rabanne l'incitent à inventer des formules nouvelles. En 1966, l'année de la création de sa maison de haute couture, il conçoit un modèle économique de robe “ jetable ” en papier, qui pose le problème du caractère fugace de la mode. L'année suivante, il crée le premier vêtement moulé dans une matière plastique souple et imperméable : l'ensemble (un paletot) a été moulé, manches, col et boutons compris, d'un seul tenant. La vocation du couturier semble être à cette époque de simplifier le processus de confection du vêtement, de s'orienter vers le prêt-à-porter – sans renoncer pour autant à cultiver la haute création – et de démocratiser la mode : en 1968, par exemple, il démythifie la fourrure, sacralisée dans le système de valeurs traditionnel, et propose des vêtements de fourrure synthétique tricotée ! Cette même année, il crée les costumes portés par Jane Fonda dans le film Barbarellade Roger Vadim. Il travaillera par la suite avec d’autres cinéastes.

Les innovations apportées à la mode par Paco Rabanne le font considérer comme l'égal des artistes de sa génération : les analogies qui existent entre sa démarche et celle des plasticiens de l'art cinétique l'amènent à participer dans les années 1960 à des expositions dans différentes institutions culturelles : dès cette époque, la mode contemporaine, reconnue comme un phénomène civilisateur, entre au musée.

Le pessimisme culturel des années 1970, l'influence de la mode hippie et la remise en question de[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Paco Rabanne - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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Autres références

  • MODE - Le phénomène et son évolution

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    Si Christian Dior, à partir de février 1947, exprime sa nostalgie de la Belle Époque par le « new look », Pierre Cardin, André Courrèges et Paco Rabanne, dans les années 1960-1970, proclament la jeunesse et le caractère prospectif de leurs modèles.
  • MUTATIONS // MODE 1960-2000 (exposition)

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