Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BASTIDE ROGER (1898-1974)

Né à Nîmes, où il commença ses études, qu'il poursuivit à Bordeaux et à Paris, Roger Bastide enseigna plusieurs années dans des établissements secondaires en province et à Paris, après avoir obtenu l'agrégation de philosophie en 1924. Il publia Problèmes de la vie mystique (1931) et Éléments de sociologie religieuse (1935) avant de partir pour le Brésil, en 1938, où il fut professeur de sociologie à l'université de São Paulo jusqu'en 1953. Le Brésil, croisée de civilisations, lui offrit un prodigieux terrain pour développer ses réflexions autour des centres d'intérêt qui furent toujours les siens : l'ethnologie religieuse, les phénomènes d'acculturation et la psychiatrie sociale. De 1940 à 1961, il publie un grand nombre d'articles et d'études en portugais, tandis qu'en France paraissent Sociologie et psychanalyse (1951), Le Candomblé de Bahia, rite nagô (1958) et Les Religions africaines au Brésil (1961). Il soutient à la Sorbonne en 1957 sa thèse de doctorat. À son retour à Paris, il commence par être directeur d'études en psychiatrie sociale à l'École pratique des hautes études (VIe section). En 1959, à la Sorbonne, il est nommé professeur d'ethnologie et de sociologie religieuses, avant de partager la chaire d'ethnologie avec André Leroi-Gourhan.

D'emblée, Roger Bastide incitait ses étudiants à chercher l'« ailleurs » dans la vie quotidienne, et non pas nécessairement dans un « exotisme », qui devait s'effacer pour devenir, lui aussi, quotidien. À ses activités d'enseignement et de recherche, s'ajoutait la participation à de nombreuses associations sud-américaines et françaises, ainsi qu'à la rédaction et à l'animation de revues scientifiques telles que l'Année sociologique, dont il fut l'un des directeurs de 1962 à sa mort. En tant que sociologue, Bastide se préoccupait constamment de questionner la société en profondeur, au sens de Marx et de Durkheim, et, comme son ami Georges Gurvitch, de déterminer des niveaux d'appréhension du réel. Sa rigueur méthodologique le conduisait à rechercher « les causalités internes » et « les causalités externes » permettant de comprendre le « syncrétisme spécifique » qui caractérise une société à un moment donné. Son ouvrage destiné à ses étudiants et intitulé Les Formes élémentaires de la stratification sociale (1965), et les chapitres qu'il a rédigés pour le Traité de sociologie (1958-1960) édité par Gurvitch indiquent quels étaient son souci méthodologique et sa finesse de jugement. Dans les dernières années de sa vie, alors qu'il dirigeait le Centre de psychiatrie sociale et le Laboratoire de sociologie de la connaissance, il accentua son effort de réflexion sur les rapports de l'inconscient et de la société, domaine de recherche dont témoignent notamment ses ouvrages Sociologie des maladies mentales (1965) et Le Rêve, la transe et la folie (1972).

— Jean-Claude PENRAD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : anthropologue, maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Autres références

  • MÉMOIRE COLLECTIVE

    • Écrit par
    • 1 940 mots
    • 1 média
    ...besoin dans l'action présente et qui pourront l'éclairer. La réactualisation du passé par l'action présente constitue le propre de la mémoire collective, selon Roger Bastide (Mémoire collective et sociologie du bricolage, 1970). Grand lecteur d'Halbwachs, cet auteur pose toutefois au centre de sa propre...
  • SOCIO-ANALYSE

    • Écrit par
    • 3 053 mots
    Certains auteurs ont évoqué la possibilité d'une « sociologie psychanalytique » qui réconcilierait précisément culturalisme et freudisme : Roger Bastide a montré ainsi comment les recherches de Géza Róheim pourraient être reprises dans le sens d'une interprétation cohérente des « visions du...