SOUS LE SOLEIL DE SATAN, film de Maurice Pialat

Auteur franc-tireur venu tard à la réalisation cinématographique, Maurice Pialat (1925-2003) a connu des triomphes (Nous ne vieillirons pas ensemble, 1972), comme des échecs commerciaux, avec des films dont précisément l'échec dans les rapports entre êtres humains constitue le thème obsédant. La sortie, en 1986, de Police lui permet, avec l'aide du producteur Daniel Toscan du Plantier, de présenter l'année suivante un film que personne n'attend de lui, et qui d'ailleurs, malgré la palme d'or, ne remportera pas le succès public escompté. Dans un tout autre style, Robert Bresson avait adapté l'œuvre de Georges Bernanos : le Journal d'un curé de campagne, en 1951, et Mouchette, tirée de Sous le soleil de Satan, en 1967. Cependant, le travail de Maurice Pialat, qui aimait à citer la phrase de Vincent Van Gogh « la tristesse durera toujours », éclaire avec plus de vigueur la face sombre et désespérée de l'écrivain catholique.

Les tourments infligés par le doute

Dans la France rurale du début du xx^e siècle, en Artois, l'abbé Donissan est un prêtre ascétique et tourmenté, obsédé par l'insuffisance de sa foi. Il est paternellement encouragé par son supérieur, le prieur Menou-Segrais, à accomplir son ministère. Alors qu'il marche dans la campagne, il lui est donné de rencontrer Satan sous l'aspect d'un maquignon, et de lui résister. Puis de rencontrer et d'essayer de sauver du désespoir une jeune fille révoltée, Germaine Malorthy dite Mouchette, coupable d'avoir tué sans le vouloir son amant le marquis de Cadignan. Mouchette se suicide pourtant, et Donissan, qui a emporté son corps à l'église pour le déposer au pied de l'autel, est envoyé dans une autre paroisse, où il acquiert la réputation d'un saint. Des paysans, dont le petit garçon est mort d'une méningite, l'envoient chercher. Donissan offre sa vie à Dieu pour sauver l'enfant, qui ressuscite par miracle, puis il meurt dans son confessionnal.