GIAP VÔ NGUYÊN (1911-2013)
Seul militaire des guerres d'Indochine à être célèbre à l'étranger, le général Vo Nguyên Giap est entré vivant dans la légende vietnamienne. Organisateur de l'Armée populaire du Vietnam, vainqueur des Français à Diên Biên Phu et auteur prolixe d'articles théoriques sur l'art de la guerre populaire, Vo Nguyên Giap est également l'une des figures historiques du Parti communiste vietnamien (P.C.V.). Vice-Premier ministre de 1954 à 1991, il est resté membre du bureau politique du P.C.V. jusqu'en 1982, avant de rejoindre le conseil des conseillers spéciaux du comité central dont sont membres l'ancien Premier ministre Pham Van Dong, l'ex-secrétaire général du parti Nguyen Van Linh et l'ancien président de la République Vo Chi Cong. Si, après la guerre du Vietnam, le général Giap s'est retiré peu à peu du commandement quotidien de l'Armée populaire, sa mise à l'écart politique n'a pas entaché sa légende. Primus inter pares parmi les militaires vietnamiens, il est parfois bien difficile d'attribuer tel ou tel succès ou défaite militaires au général Giap, mais les historiens se souviendront des échecs de l'offensive sur le delta du fleuve Rouge en 1951, des campagnes de 1967-1968 ou de Pâques 1972 autant que de Diên Biên Phu ou de la chute de Saigon le 30 avril 1975.
L'homme de légende
Ironie de l'histoire, c'est non loin du 17e parallèle qui sépara pendant trente ans le pays en deux que serait né en 1911, dans le village de An Xa (province de Quang Binh), Vo Nguyên Giap. À l'âge de quatorze ans, alors qu'il était encore élève au lycée de Hué, il rejoint les rangs du mouvement nationaliste Tan Viet Cach Mang Dang, ce qui lui vaudra d'être arrêté quelque temps en 1930. Mais c'est à l'université de Hanoi, où il prépare un diplôme de droit, d'économie politique et d'histoire, en 1937, qu'il rejoint le Parti communiste indochinois (P.C.I.). Absorbé par son engagement politique et ses publications, il rédige en 1938 avec Dang Xuan Khu, alias Truong Chinh, une étude sur La Question paysanne. Il ne terminera pas son cursus universitaire. Marié depuis juin 1938 à Nguyen Thi Minh Giang, qui lui a donné une fille en 1939, il devient professeur au lycée privé Thanh-Long d'Hanoi. Convaincu que les Français vont trouver un terrain d'entente avec les Japonais, il milite pour que le P.C.I. prenne dorénavant le commandement de la lutte nationale. Pour étayer cette idée, il publie un nouvel ouvrage en 1939, Le Meilleur Chemin : la question de la libération nationale en Indochine. Sur la base de l'expérience chinoise, il fait valoir qu'il est nécessaire de développer le travail politique auprès des masses, mais aussi de leur inculquer des rudiments d'instruction militaire pour qu'elles puissent se défendre contre les attaques du gouvernement colonial. C'est donc fort logiquement que, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Giap passe dans la clandestinité avant de rejoindre Hô Chi Minh en Chine méridionale, en mai 1940. Il est au côté de ce dernier à Jingxi quand il fonde en 1941 la Ligue pour l'indépendance du Vietnam, le Viêt-minh (Viet Nam Doc Lap Dong Minh). Là, sous le pseudonyme de Duong Huai-nan, il parfait ses connaissances de la langue chinoise et étudie les stratégies militaires de l' Armée populaire de libération chinoise, à laquelle il consacre un autre livre, Les Affaires militaires chinoises. Outre un temps de formation en 1942 dans une école militaire chinoise, Giap passe l'essentiel de la Seconde Guerre mondiale à organiser et à former les unités de la guérilla et des réseaux de renseignement. Installé dans des régions habitées de populations montagnardes, Giap apprend à s'exprimer en tay et en dao.
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Écrit par
- Christian LECHERVY : enseignant à l'Institut national des langues et civilisations orientales
Classification
Médias
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