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PIDGEON WALTER (1897-1984)

Dans les années 1940, les studios M.G.M., soucieux de participer à l'effort de guerre, désiraient produire un film de prestige exaltant les vertus d'une famille anglaise face à l'adversité et constituant également un rôle sur mesure pour leur principale vedette à l'époque : Greer Garson. Le coup de génie fut de lui trouver un partenaire idéal en la personne de Walter Pidgeon, qui avait déjà joué avec l'actrice dans Les Oubliés (M. LeRoy, 1941). Par la suite, le couple vedette de Mrs. Miniver (W. Wyler, 1942) se reforma cinq fois avec succès, jusqu'en 1950.

Walter Pidgeon avait connu un itinéraire quelque peu à rebours : de solide acteur de composition, il accéda aux grands rôles « nobles » vers la quarantaine, à l'instar d'un comédien comme Michel Piccoli en France. Né à East Saint John (Canada), il s'illustre d'abord au théâtre. Parvenu à Hollywood, il tourne de nombreux films muets entre 1927 et 1929. Il ne connaîtra pas la douloureuse transition du muet au parlant. Il mettra ses dons de baryton au service de plusieurs comédies musicales de série : Bride of the Regiment (J. F. Dillon, 1930), Viennese Nights (A. Crosland, ibid.), entre autres titres évocateurs du genre.

C'est en 1937 que la carrière de Walter Pidgeon aborde un tournant important : il figure dans la distribution de Saratoga (J. Conway), aux côtés de Jean Harlow et de Clark Gable. La même année, la M.G.M. lui confie son premier grand rôle dans une production de l'unité B : My Dear Miss Aldrich (G. B. Seitz). Son aisance, sa désinvolture, sa diction très britannique le menèrent tout naturellement au personnage de Nick Carter (1939), qu'il incarna encore à deux reprises en 1940, dans de petites productions soignées mais destinées plutôt aux premières parties de programme.

C'est dans un autre studio – la Fox – que Pidgeon connaîtra ses premiers vrais succès publics, d'abord avec Man Hunt (Chasse à l'homme, 1941) de Fritz Lang. Dans ce film, il incarne un gentleman-chasseur, qui s'apprête à exécuter Hitler ; il ne force jamais son personnage, gardant une désinvolture surprenante dans des situations extrêmes. Qu'elle était verte ma vallée (ibid.), de John Ford, confirme cette nouvelle célébrité. C'est alors que la M.G.M. le rappelle pour Mrs Miniver. Le couple Garson-Pidgeon impose une image digne, peu propice à l'exploitation des magazines de fans de l'époque. On le retrouvera dans Mme Curie (M. LeRoy, 1943), Mme Parkington (T. Garnett, 1944), La Belle Imprudente (J. Conway, 1948), La Dynastie des Forsyte (C. Bennett, 1949) et dans une suite de Mrs Miniver : L'Histoire des Miniver (H. C. Potter, 1950), qui n'eut pas le succès escompté.

Walter Pidgeon amorce à cette époque un nouveau tournant, et revient avec efficacité et intelligence aux rôles de composition. Parmi ces nombreux rôles, on peut distinguer Les Ensorcelés de Vincente Minnelli (1952), où il incarne un dirigeant de studio, La Tour des ambitieux de Robert Wise (1954) et Planète interdite (F. M. Wilcox, 1956) – film de science-fiction très prisé des cinéphiles. Dans les années 1960, Pidgeon incarne encore un personnage de légende : Florenz Ziegfeld, dans Funny Girl (W. Wyler, 1968), au côté de Barbra Streisand. Il tournera de nombreux rôles jusqu'en 1978, où il apparaît auprès de Mae West dans Sextette (K. Hughes).

— André-Charles COHEN

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