Difformité
- Nom féminin singulier
Définition
- défaut d'une forme, anomalie de constitution
"difformité" dans l'encyclopédie
-
CARTER ANGELA (1940-1992)
- Écrit par Christine JORDIS
- 3 272 mots
Ces contes de fées revus et corrigés, depuis Barbe-Bleue jusqu'au Petit Chaperon rouge, subvertissaient la morale habituelle de façon subtile et donnaient droit de cité, comme on l'a dit, à une perversité aux formes multiples, au sadisme, à la difformité physique, à toutes les monstruosités. Ainsi Angela Carter utilisait-elle les formes les plus anciennes et les genres les plus divers, unissant dans ses romans des images venues du romantisme noir ou du roman gothique aux schémas de la science-fiction et de l'utopie, pour élaborer le projet d'un autre monde et la conception d'une femme nouvelle.
-
KEANE MOLLY (1904-1996)
- Écrit par Christine JORDIS
- 3 177 mots
Time after Time (1983, La Revenante), où chaque membre d'une famille est affligé d'une difformité physique autour de laquelle s'est formée sa personnalité, et Loving and Giving (1988, Amours sans retour), qui montre les méfaits de l'amour dévorant, marquent sans doute un sommet dans la méchanceté. Voici un monde de grotesques et de maniaques où le pouvoir et la revanche sont les passions dominantes, où l'amour romantique équivaut à l'idiotie – « Quand on aime trop, on est stupide » –, où le désir de faire plaisir apparaît comme une affliction qui vous conduit droit à la tombe – où l'on chemine de la nursery au cimetière sans jamais passer par l'âge adulte.
-
SEARLE RONALD (1920-2011)
- Écrit par Marc THIVOLET
- 4 354 mots
Il oppose la difformité et la petite taille de l'artiste à des corps étendus qui proposent des vallées à parcourir, des gorges à traverser, des passages à franchir, ou bien encore à des corps dressés, tellement énormes, qu'ils découragent l'escalade. La disproportion physique entre les différentes personnes d'un dessin, entre les personnages et les pouvoirs est l'un des moteurs de l'art de Searle.
-
PRIAPE
- Écrit par Maurice OLENDER
- 5 328 mots
Des fragments de mythes racontent comment le nouveau-né Priape fut rejeté par sa mère Aphrodite, précisément en raison de sa difformité et de son membre viril disproportionné. Ce geste d'Aphrodite, un autel romain d'Aquilée en témoigne encore, où l'on voit la belle déesse se détourner du berceau de l'enfant que les textes qualifient d'amorphos — de laid et de difforme.
-
VEYNE PAUL (1930-2022)
- Écrit par Renée KOCH PIETTRE
- 6 608 mots
Il lui fallait endosser sans gêne une rare difformité congénitale du visage, leontiasis ossea ; rendre compte de sa passion pour l’Antiquité, depuis la découverte inopinée d’une pointe d’amphore sur les hauteurs de Cavaillon, et la lecture d’Homère ; dire sa honte d’avoir été fils de « collabos » (son père, négociant en vins, avait trouvé avantage à l’ordre imposé par l’occupant) ; affirmer son amour pour les femmes (il se maria trois fois) ; expliquer le devoir qu’il s’imposa, pour se racheter, malgré le danger, de soutenir clandestinement le FLN ou de se passionner tant pour l’alpinisme que pour la morale stoïcienne (il introduisit longuement l’œuvre de Sénèque) ; regretter d’être dépourvu de tout esprit religieux (une tare, à ses yeux, pour un historien, qui devrait pouvoir comprendre les faits de croyance autant du dedans que du dehors), mais noter avec soin ses quelques expériences d’extases et d’hallucinations ; enfin, relater comment il avait su, de succès en succès, conquérir le loisir nécessaire à la recherche.