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1903 1er Tour de France

La course

À l'aube du xxe siècle, la presse sportive est florissante (on compte treize journaux sportifs en France en 1900). La rivalité est grande entre les deux principaux organes, Le Vélo, fondé le 1er décembre 1892, dirigé par Pierre Giffard, et L'Auto-Vélo, créé le 16 octobre 1900 et dont la responsabilité a été confiée à Henri Desgrange. Par ailleurs, le sport cycliste et l'industrie du cycle sont en plein développement. Ainsi, Pierre Giffard adopte pour Le Vélo la devise : « La bicyclette est autre chose qu'un sport, c'est un bienfait social ». Longtemps, seules les courses sur piste ont été populaires. Désormais, les épreuves sur route ont également conquis la faveur du public.

Henri Desgrange est constamment à la recherche d'idées novatrices pour promouvoir son journal. Le 20 novembre 1902, lors d'une discussion informelle, Georges, dit « Géo », Lefèvre, responsable de la rubrique cyclisme, propose à Henri Desgrange la création d'un Tour de France cycliste. D'abord sceptique, Desgrange va finalement retenir la proposition de son collaborateur. Entre-temps, Le Vélo a intenté un procès à L'Auto-Vélo pour plagiat de titre. Le 15 janvier 1903, L'Auto-Vélo se voit condamné à modifier son titre, qui devient L'Auto. Dès le 19 janvier, L'Auto annonce la création du Tour de France : « La plus grande épreuve cycliste, Toulouse-Bordeaux-Nantes-Paris ; 20 000 francs de prix ; départ le 1er juin, arrivée le 5 juillet au Parc des Princes. » Les ventes du quotidien d'Henri Desgrange marquent une nette baisse (20 000 exemplaires), et il convient de relancer le titre. Le Tour de France cycliste sera un des éléments du renouveau.

Mais les coureurs sont peu nombreux à s'inscrire. Henri Desgrange envisage un moment, au début du mois de mai, d'annuler l'épreuve. Finalement, il en réduit la durée, et adapte le règlement. Ce règlement de 30 articles prévoit ainsi que : le Tour de France se déroulera du 1er au 19 juillet (art. 1er) ; les concurrents pourront s'inscrire pour le Tour complet, moyennant un droit d'entrée de 10 francs, ou pour chaque étape (catégorie « partiels »), contre un droit de 5 francs (art. 4) ; les huit premiers des étapes recevront un prix, variable selon les étapes – pour le vainqueur : 1 500 francs pour Paris-Lyon, 1 000 francs pour Lyon-Marseille, 800 francs pour Marseille-Toulouse, 700 francs pour Toulouse-Bordeaux, 1 200 francs pour Bordeaux-Nantes (art. 15) ; les quatorze premiers du classement général recevront un prix (dont 3 000 francs pour le gagnant), confondu avec le prix de la dernière étape (art. 16) ; une somme minimale de 95 francs sera allouée aux cinquante premiers arrivants à Paris (art. 19).

Le 1er juillet à 15 h 16, soixante concurrents s'élancent devant l'auberge Le Réveil-Matin, à l'embranchement des routes de Montgeron et de Draveil, en direction de Lyon (467 km). Géo Lefèvre assure les fonctions de directeur de course, commissaire sportif, juge à l'arrivée et envoyé spécial de L'Auto. Deux coureurs s'échappent, les Français Maurice Garin et Hippolyte Pagie ; ils se présentent en tête à Nevers (kilomètre 227), à 22 h 56 ; Maurice Garin aurait sans doute pu distancer Pagie, mais il préfère ne pas trop forcer son allure pour ne pas se retrouver seul. Derrière, un autre favori, le Français Hippolyte Aucouturier, malade, abandonne à 135 kilomètres de l'arrivée. Maurice Garin atteint Lyon à 9 heures du matin, devançant Pagie de moins d'une minute. Il a couvert les 467 kilomètres en 17 h 45 min 44 s, à la moyenne de 27,280 km/h. Quant à Géo Lefèvre, son train rejoint Lyon après que les deux premiers sont arrivés. Cela ne l'empêche pas de rédiger un éditorial enflammé. Une édition spéciale de L'Auto[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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