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1908 6e Tour de France

La course

Pour tenter d'éviter les contestations concernant l'application du règlement (l'an passé, tous les coureurs équipés par Alcyon avaient quitté la course car ils jugeaient trop légère la sanction infligée à Émile Georget, coupable de plusieurs changements de machine), Henri Desgrange durcit ledit règlement : désormais, un concurrent victime d'ennuis mécaniques ne pourra recevoir aucune aide, sauf aux postes de contrôle, et devra effectuer lui-même les réparations. Par ailleurs, l'influence des constructeurs de cycles se fait de plus en plus importante, et, bien que la course soit individuelle, les ententes entre coureurs équipés par une même marque semblent inévitables. Ainsi, Peugeot a spécialement fabriqué vingt-cinq splendides machines de couleur jaune et a réuni, autour du Français Lucien Mazan, dit Petit-Breton, de nombreux coureurs de qualité : les Français Émile Georget, Georges Passerieu, Hippolyte Aucouturier, Gustave Garrigou, le Luxembourgeois François Faber... L'opposition, incarnée notamment par le Français Louis Trousselier, sur son vélo bleu ciel de la marque Alcyon, semble bien faible.

De fait, l'« armada » Peugeot va exercer une hégémonie absolue sur le Tour. Dès la première étape (Paris-Roubaix, 272 km), remportée par Georges Passerieu devant Petit-Breton, Louis Trousselier est distancé à la suite d'un incident mécanique. Petit-Breton gagne la deuxième étape (Roubaix-Metz, 398 km), alors que Louis Trousselier abandonne. François Faber gagne les deux étapes suivantes. Il en remportera deux autres, mais sans jamais tenter franchement de mettre en difficulté Petit-Breton, son « leader », se satisfaisant de la deuxième place du classement général. Petit-Breton, de son côté, s'impose à Nîmes (septième étape), Bayonne (neuvième étape), Nantes (onzième étape) et Paris (quatorzième et dernière étape).

La mainmise de l'« équipe » Peugeot s'est révélée absolue : les quatorze étapes ont été remportées par un coureur montant un vélo jaune de la marque (Georges Passerieu en a gagné trois), ses coureurs prennent les quatre premières places du classement final (Gustave Garrigou est quatrième). Petit-Breton, fin tacticien et habile mécanicien, a parfaitement contrôlé les opérations et a su adapter sa stratégie à cette formule du classement par addition de points : outre ses cinq succès d'étape, il s'est classé trois fois deuxième et cinq fois troisième, une dixième place à Bordeaux (dixième étape) ne mettant pas en cause sa supériorité. Il devient le premier champion à être vainqueur par deux fois du Tour de France.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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