1909 7e Tour de France
La course
La domination des coureurs équipés par Peugeot – qui s'étaient plus entraidés qu'affrontés – dans l'édition 1909 du Tour conduit Henri Desgrange à admettre qu'il devient impossible de faire respecter un règlement qui stipulait jusque-là que la course était strictement individuelle. Plutôt que de stigmatiser des « ententes » plus ou moins licites, il préfère donc diviser le peloton en deux catégories : les coureurs « groupés », équipés par une marque de cycles, et les « isolés ». Si le règlement précise toujours que les concurrents doivent terminer le Tour avec leur machine d'origine et que, au cas où ils seraient victimes d'ennuis mécaniques, il leur faut effectuer eux-mêmes les réparations, les coureurs « groupés » peuvent bénéficier de la logistique mise en place par leur formation.
Trente-huit coureurs, représentant sept marques de cycles (Alcyon, Biguet, Nil Supra, Le Globe, Atala, Legnano et Felsina), sont donc inscrits dans la catégorie « groupés ». Alcyon, qui a recruté les principaux champions équipés jusque-là par Peugeot (le Luxembourgeois François Faber et le Français Gustave Garrigou notamment), présente la formation la plus solide. D'autant plus que les dirigeants des cycles Peugeot, en froid avec Henri Desgrange, ont décidé de ne pas aligner d'équipe au départ. Quant au Français Petit-Breton, lauréat des deux éditions précédentes, il a provisoirement abandonné la compétition.
La course va effectivement être dominée par les représentants d'Alcyon : une seule étape leur échappe, la neuvième (Toulouse-Bayonne, 299 km), gagnée par le Français Constant Ménager, de la formation Le Globe. Ce Tour de France se dispute dans des conditions atmosphériques difficiles (pluie, froid, neige au sommet du ballon d'Alsace...), que le solide Luxembourgeois François Faber, dit le « Géant de Colombes », supporte mieux que ses concurrents.
Si le Belge Cyrille Van Houwaert remporte la première étape (Paris-Roubaix, 272 km), François Faber s'adjuge les cinq suivantes ! Il se montre dominateur dans le ballon d'Alsace et dans les Alpes. Faber remporte une sixième victoire d'étape (la dixième, Bayonne-Bordeaux, 269 km), puis laisse ses coéquipiers se partager les succès : les Français Louis Trousselier, Gustave Garrigou, Paul Duboc et Jean Alavoine sont les lauréats des quatre dernières étapes.
François Faber, luxembourgeois par son père bien que natif d'Aulnay-sur-Iton (Eure) et résidant à Colombes, est le premier étranger vainqueur du Tour de France. Les coureurs équipés par Alcyon prennent les six premières places du classement final.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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