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1913 11e Tour de France

La course

Henri Desgrange a constaté que la formule du classement par points a montré ses limites l'année précédente. Ainsi, le Français Eugène Christophe, deuxième, pourtant vainqueur avec une nette avance (en temps) de trois étapes montagneuses, fut largement dominé (de 59 points, un record) par le Belge Odile Defraye. Quant aux coureurs distancés, ils ne cherchaient pas à puiser dans leurs réserves pour limiter leur retard (en temps). Il décide donc logiquement d'en revenir au classement par addition des temps. Autre révolution : le parcours du Tour se déroule pour la première fois dans le sens contraire des aiguilles d'une montre.

La puissante formation Alcyon a encore pour chef de file le Belge Odile Defraye. La Française présente une équipe de valeur (les Français Octave Lapize, Paul Duboc...), mais l'équipe Peugeot (avec les Français Eugène Christophe, Gustave Garrigou, Jean Alavoine, les Belges Philippe Thys et Marcel Buysse, le Luxembourgeois François Faber) semble plus redoutable encore.

Au seuil des Pyrénées, Odile Defraye est le leader du classement général. Mais, lors de la sixième étape (Bayonne-Luchon, 326 km), il est vite distancé. Son retard culmine à 2 h 5 min à Barèges, où il abandonne. Eugène Christophe et Marcel Buysse passent en tête au sommet de l'Aubisque ; Philippe Thys les rejoint au pied du Tourmalet. En vue du sommet de ce col, Thys précède Christophe de peu. Mais ce dernier est renversé par une automobile. Sa fourche s'est brisée : il se voit contraint de descendre le col à pied, son vélo sur l'épaule, pour rejoindre Sainte-Marie-de-Campan, où il répare sa fourche dans une forge, surveillé par des commissaires de course ; une page de la légende de la Grande Boucle vient de s'écrire, mais Eugène Christophe a perdu le Tour. Philippe Thys remporte l'étape, devant Marcel Buysse (à 17 min 57 s) et Gustave Garrigou (à 30 min). Il est le nouveau leader de l'épreuve.

Entre Luchon et Perpignan (septième étape, 324 km), Marcel Buysse attaque dans le col de Port, s'impose et ravit la place de leader à son compatriote.

La course connaît un nouveau rebondissement au cours de la neuvième étape (Aix-en-Provence - Nice, 356 km) : Marcel Buysse chute dans la descente de l'Esterel, brise sa machine et perd plus de 3 heures sur Thys, de nouveau leader du classement général. Au cours de l'avant-dernière étape (Longwy-Dunkerque, 393 km), Petit-Breton, qui conserve des chances pour la victoire finale, s'échappe, mais il chute sur les pavés et doit abandonner. Thys, quant à lui, percute une voiture et fausse sa fourche ; il répare avec l'aide de plusieurs mécaniciens, mais concède 54 minutes au vainqueur, Marcel Buysse. Il est pénalisé de 10 minutes – une sanction bien légère –, car il n'a pas réparé seul sa machine. Philippe Thys remporte finalement ce Tour de France, l'un des plus fertiles en rebondissements depuis la création de l'épreuve.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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