1919 13e Tour de France
La course
Le monde du cyclisme a payé son tribut à la Grande Guerre : parmi tant d'autres, François Faber, Lucien Mazan, dit Petit-Breton, Octave Lapize, trois vainqueurs du Tour de France, sont tombés au champ d'honneur.
Néanmoins, dès la fin du conflit mondial, Henri Desgrange songe à organiser de nouveau le Tour de France. En ces temps de pénurie, les principaux constructeurs de cycles, dont Peugeot et Alcyon, se sont regroupés au sein d'un consortium – La Sportive –, afin mettre en commun le matériel et de réduire leurs frais. Les meilleurs cyclistes ont été engagés par La Sportive, à l'exception des frères Francis et Henri Pélissier : les deux Français, refusant les conditions financières qu'ils estiment insuffisantes offertes par La Sportive, ont passé contrat avec la marque de cycles Louvet.
Le début du Tour se court dans des conditions atmosphériques difficiles (pluie, froid). Dès la première étape (Paris-Le Havre, 388 km), vingt-six coureurs, dont le Belge Philippe Thys, abandonnent. Les deux étapes suivantes sont remportées par les frères Pélissier : Henri s'impose à Cherbourg et devient le leader du classement général, Francis à Brest. Le Français Jean Alavoine gagne la quatrième étape (Brest-Les Sables-d'Olonne, 412 km), alors qu'Henri Pélissier, distancé à la suite d'un incident mécanique, cède sa place de premier du classement général à son compatriote Eugène Christophe.
Dans les Pyrénées et les Alpes, le grimpeur français Honoré Barthélemy se montre supérieur à ses concurrents (il remporte quatre étapes). Mais son retard au classement général était trop important pour qu'il pût espérer la victoire finale. Sur le plat, son compatriote Jean Alavoine se distingue (il gagne au total cinq étapes), mais accumule le retard dès que la route s'élève, et ne peut pas, lui non plus, prétendre à la victoire finale.
Le 18 juillet, au départ de la onzième étape (Grenoble-Genève, 325 km), Henri Desgrange remet solennellement au premier du classement général, Eugène Christophe, le « Vieux Gaulois », un maillot jaune – la couleur de son journal, L'Auto –, qui distinguera désormais le leader de l'épreuve.
Au départ de la quatorzième étape (Metz-Dunkerque, 468 km), Eugène Christophe porte toujours le maillot jaune et précède le Belge Firmin Lambot de 28 minutes au classement général. Mais la malchance s'acharne de nouveau sur le Français : il chute sur les pavés à la sortie de Valenciennes, casse sa fourche, qu'il répare seul, comme en 1913 ; Lambot s'est envolé et remporte l'étape ; Christophe rejoint l'arrivée avec un retard de 2 h 28 min 58 s. Firmin Lambot remporte le Tour de France. Onze concurrents seulement ont terminé la course.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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