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1938 32e Tour de France

La course

Mussolini désirait fortement qu'un Italien remportât le Tour de France, devenu l'épreuve la plus prestigieuse du monde. Le plus apte est Gino Bartali. Mais, pour un Italien, la course la plus importante demeure le Giro. Et il semble alors impossible de remporter successivement le Giro et le Tour. Le Duce exerce de fortes pressions sur les dirigeants de la marque Legnano, l'employeur de Bartali, pour que ceux-ci convainquent leur champion de participer au Tour. Les responsables de la Gazzetta dello sport, qui organisent le Giro, subissent des pressions similaires pour refuser l'engagement de Bartali. La mort dans l'âme, celui-ci doit renoncer au Giro.

Pour le Tour de France, Costante Girardengo, le directeur technique de la Squadra Azzurra, a sélectionné des coureurs de valeur (Mario Vicini, Giuseppe Martano, Aldo Bini), qui ont pour seule mission d'épauler Bartali. L'équipe de Belgique (Sylvère Maes, Félicien Vervaecke...) semble également redoutable, alors que l'équipe de France, malgré Antonin Magne et Georges Speicher, présente des arguments plus modestes, d'autant qu'André Leducq (trente-quatre ans) et René Vietto ont été relégués dans la formation des « Cadets de France ».

Jusqu'aux Pyrénées, Gino Bartali se borne à limiter les écarts avec les premiers (il est dix-huitième du classement général, à 7 minutes d'André Leducq). Dans les Pyrénées, il conserve la même tactique. Avant les Alpes, Félicien Vervaecke porte le maillot jaune, et Bartali accuse un retard raisonnable (8 min 45 s). Lors de la quatorzième étape (Digne-Briançon, 219 km), le coureur italien attaque dès le col d'Allos et porte le coup décisif dans l'Izoard, où il distance tous ses concurrents ; il s'impose devant son coéquipier Mario Vicini (à 5 min 18 s), alors que Félicien Vervaecke concède 17 minutes. Bartali revêt un maillot jaune qu'il conservera jusqu'à Paris.

Au cours de la dernière étape (Lille-Paris, 279 km), Antonin Magne et André Leducq sortent du peloton à 55 kilomètres du but ; les deux hommes, qui ont débuté ensemble sur la Grande Boucle en 1927 et ont chacun remporté deux fois l'épreuve, franchissent la ligne en se tenant par l'épaule (ils sont classés premiers ex aequo), acclamés par les 50 000 spectateurs du Parc des Princes. Mais le « roi » de ce Tour de France demeure bien Gino Bartali, indiscutable vainqueur, qui offre à l'Italie son premier succès depuis Ottavio Bottecchia en 1925.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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