1938 3e Coupe du monde de football
La IIIe Coupe du monde commence en fait à Berlin, le 15 août 1936, lorsque le congrès de la F.I.F.A., auquel sont représentés quarante des cinquante-quatre pays affiliés, réuni au Kroll Opera à la veille de la clôture des Jeux, accepte le vote qui par dix-neuf voix contre trois à l'Argentine – laquelle revendiquait l'alternance avec l'Europe – et une à l'Allemagne – qui s'était pourtant désistée, car elle visait... 1942 – confie son organisation à la France. L'horizon s'assombrit : l'Espagne est en guerre civile depuis deux ans, l'Anschluss vient de marquer ipso facto la fin du Wunderteam autrichien absorbé au sein de la formation allemande. L'Angleterre est toujours rétive, l'Uruguay et l'Argentine ne se déplacent pas. Bref, des vingt-sept nations initialement inscrites, la phase éliminatoire en a qualifié quinze pour les deux semaines décisives, du 4 au 19 juin.
Les vingt-deux Français choisis par Gaston Barreau sont préparés sur le plan physique par Maurice Cottenet, tandis que Victor Mestre est aux petits soins pour eux depuis le 20 mai à l'hôtel du Grand Cerf en bordure de la forêt de Chantilly. Le samedi 4 juin, la Suisse et l'Allemagne, au Parc des Princes, ne peuvent se départager (1-1 après prolongation) ; il faudra une seconde rencontre pour que, sous l'impulsion de l'arrière Minelli et des attaquants Bickel et “Trello” Abegglen – bien connu des admirateurs du F.C. Sochaux, auteur du but du premier match et de deux autres cette fois-ci –, les Suisses éliminent (4-2) les hommes d'un nouvel entraîneur, Sepp Herberger, qui ont mal assimilé le charme viennois ; deux matchs seront également nécessaires aux étonnants Cubains, qui sortent les Roumains à Toulouse (3-3, puis 2-1) ; au Havre, les Tchécoslovaques auront besoin de la prolongation pour battre les Néerlandais (0-0 à la fin du temps réglementaire, 3-0 finalement) ; la prolongation sera également nécessaire au Brésil, qui révèle à Strasbourg son “Diamant noir”, Leonidas da Silva (4 buts), plus que la sûreté de son arrière Domingos da Guia, joueur sans doute le mieux payé du monde, et marque six fois, non sans avoir encaissé cinq buts de la Pologne ; mais l'Italie sera aussi en très grand danger à Marseille, face à la Norvège, qui la rejoint à la quatre-vingt-cinquième minute (1-1), malgré le brillant gardien de but Olivieri ; elle ne s'en tire, également en prolongation, que par la grâce de l'avant-centre Silvio Piola ; en revanche, la France ne connaît pas de réels problèmes (3-1, 1 but de Veinante, 2 de Jean Nicolas) devant la Belgique à Colombes, et la Hongrie encore moins, qui, à Reims, inflige 6 buts à 0 aux petits gabarits des Indes néerlandaises ; quant à la Suède, la disparition de l'Autriche la qualifiait d'office.
Le 12 juin, les quarts de finale laissent sans illusion Cuba, qui est écrasé au fort Carré d'Antibes 8 buts à 0 par la Suède ; pas d'illusion non plus pour la Suisse, que le talent de Sas, Sarosi, du puissant Kohut aussi laisse sans réplique, Zsengeller marquant les deux buts hongrois (contre aucun). Cinquante-huit mille quatre cent cinquante-cinq spectateurs se pressent à Colombes, permettant une recette record de 875 813 francs ; mais Laurent Di Lorto ne renouvelle pas son match héroïque de décembre 1937, et l'on se rappelle progressivement que le dernier succès français contre ces mêmes adversaires transalpins remonte, sauf erreur, à 1913 ; si Heisserer, à la huitième minute, répond immédiatement au tir de Colaussi, les Bleus – contre lesquels les Italiens jouent exceptionnellement en maillot noir – ne marqueront plus ; Piola, lui, inscrira deux buts en seconde période. Une véritable empoignade se déroule à Bordeaux : la bagarre, commencée d'emblée, se poursuit dans les vestiaires ; elle provoque, en seconde période, les fractures[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
Classification