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1950 4e Coupe du monde de football

Douze ans se sont écoulés depuis la dernière Coupe du monde. Lors du congrès de 1948, à Londres, la F.I.F.A., accédant au souhait des organisateurs brésiliens, a remplacé la formule d'élimination directe par un système de poules, au grand dam d'Henri Delaunay. Trente-trois pays se sont engagés, mais ni les nations d'Europe de l'Est, ni l'Allemagne ; quelques forfaits – Argentine, Autriche, Bulgarie, Écosse – amputent encore certaines des zones géographiques de qualification.

Dans le groupe 3, la France n'arrive pas à se défaire de la Yougoslavie : après deux matchs nuls 1 but partout, la belle se joue à Florence le 11 décembre 1949 ; à sept minutes de la fin, les Bleus, menant 2 buts à 1, sont encore qualifiés lorsque Mihailovic égalise ; la prolongation se déroule dans le crépuscule, et Zlatko Tchaikowski trompe le gardien de but Ibrir ; éliminés sur le terrain, les Tricolores seront néanmoins invités à participer à la phase finale en raison du forfait de la Turquie, mais ils rejetteront cette chance, au vif mécontentement du Brésil qui apprécie fort peu cette abstention.

Le 24 juin, le coup d'envoi est donné ; sont finalement présentes treize équipes – comme en 1930 –, dont six venues d'Europe, réparties en des groupes allant de quatre à deux. La phase initiale donne de premières émotions. Dans le groupe 1, le Brésil a dominé le Mexique (4-0), concédé le match nul à la Suisse de Fatton et Tamini (2-2), et joué sa qualification contre la Yougoslavie, qui cède 2 buts à 0 devant cent cinquante mille cariocas. Dans le groupe 2, c'est la stupeur lorsque les agences de presse diffusent la nouvelle à travers le monde : les États-Unis, formation pour le moins cosmopolite, ont battu sur une tête du Haïtien Larry Gaetjens les maîtres anglais, qui participaient enfin à l'épreuve ; ce 1-0 du 29 juin à Belo Horizonte constitue une énorme surprise, et l'Angleterre, qui avait battu le Chili 2 buts à 1, ne pourra redresser la situation contre l'Espagne (0-1), aisément qualifiée (victoires contre les États-Unis et le Chili également). Dans le groupe 3, l'Italie, décimée par la catastrophe de Superga, perd “sa” Coupe du monde après une défaite 3 buts à 2 contre une excellente Suède, qui fait match nul avec le Paraguay. Dans le groupe 4, l'Uruguay, absent depuis 1934, ne trouve pas en la Bolivie, son seul opposant, un adversaire à sa mesure : 8 buts à 0, dont 5 de Schiaffino.

À partir du 9 juillet, la poule finale à quatre voit un festival brésilien ; l'attaque et son trio Zizinho-Ademir-Jaïr inflige 7 buts à 1 à la Suède (4 buts d'Ademir), puis 6 buts à 1 à l'Espagne, avec un étonnant brio ; le parcours de l'Uruguay semble beaucoup plus difficile : 2 buts partout avec l'Espagne (1 but de Ghiggia), 3 buts à 2 face à la Suède (2 buts de Ghiggia).

Le 16 juillet, tout est prêt à Rio pour le triomphe brésilien dans la rencontre qui s'annonce décisive et à l'issue de laquelle un match nul suffirait pour devenir les détenteurs du trophée à ceux que soutiennent les deux cent mille personnes entassées dans un Maracaña au béton encore frais. La mi-temps est atteinte sur un score vierge. À la quarante-sixième minute, lancé par Zizinho et Jaïr, Friaca, l'ailier droit, marque enfin ; le stade chavire dans un bonheur teinté de soulagement. Plus rien ne se passe jusqu'à la soixante-cinquième minute, lorsque le remarquable inter gauche Juan Schiaffino, lancé en profondeur par l'inter droit Julio Perez, égalise.

Une sorte d'angoisse s'abat sur le Maracanã. Il reste onze minutes à jouer. Perez, cette fois, passe au frêle Alcides Ghiggia, qui prend sa chance : Barbosa est battu. Silence et désespoir. Quand l'arbitre anglais Reader siffle la fin de la rencontre, c'est l'Uruguay qui est champion du monde.[...]

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Écrit par

  • : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique

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