1954 5e Coupe du monde de football
L'Argentine et l'U.R.S.S. ne se sont pas engagées, mais trente-sept équipes, réparties en treize groupes, participent à la phase qualificative ; celle-ci voit disparaître la Suède, devancée par la Belgique de Jef Mermans, Pol Anoul et Rik Coppens, et l'Espagne éliminée... au tirage au sort par la Turquie à l'issue d'un match d'appui joué à Rome en mars 1954 ; quant à la France, elle ne connaît aucune difficulté dans un groupe 4 où ses adversaires sont le Luxembourg (6-1, 8-0) et l'Eire (5-3, 1-0).
Si la formule choisie pour la phase décisive qui commence en Suisse le 16 juin en revient à l'élimination directe à partir des quarts de finale, elle n'apparaît pas des plus heureuses pour le premier tour : des poules de quatre sont constituées, avec deux têtes de série prédésignées qui ne se rencontreront pas entre elles, qualifiant donc les deux premières équipes sans que toutes se soient affrontées. Douze nations européennes, dont le pays organisateur, sont présentes, ainsi que trois équipes latino-américaines, dont l'Uruguay, qualifié d'office en tant que tenant du titre, et la modeste Corée du Sud, représentant l'Asie.
La compétition s'engage. Dans le groupe 1, la France déçoit : un but de Milutinovic suffit au succès de sa “bête noire”, la Yougoslavie, tandis que le Brésil écrase le Mexique 5 buts à 1 ; une petite victoire 3 buts à 2 des Tricolores sur le Mexique ne suffira pas, car Brésil et Yougoslavie font match nul 1 but partout (Didi et Zebec), ce qui leur assure à chacun les trois points suffisants ; si les passants des rues de Paris, agglutinés devant les vitrines, expriment leur déception, ils s'émerveillent néanmoins de ces premières retransmissions télévisées “en direct”. Dans le groupe 2, la Hongrie marque 9 buts à la Corée sans en concéder, et l'Allemagne s'impose 4 buts à 1 face à la Turquie, qui bat à son tour la Corée 7 buts à 0 ; mais, dans la rencontre des meilleurs, si les Hongrois infligent un 8 (dont 4 buts de Kocsis) à 3 cinglant aux hommes de Sepp Herberger, ils ne sont pas pleinement conscients que celui-ci a laissé plusieurs de ses joueurs au repos, et ne s'inquiètent guère de l'entorse que s'est donnée le capitaine Ferenc Puskas dans un choc avec Liebrich une demi-heure avant la fin ; cette même Allemagne, en tout cas, va poursuivre sa route en infligeant 7 buts à 2 à la Turquie dans le nécessaire match d'appui. L'Uruguay (7-0 contre l'Écosse, dépassée) et l'Autriche (5-0 face à la Tchécoslovaquie) dominent le groupe 3. L'Angleterre (pourtant tenue en échec par la Belgique 4-4) et la Suisse (qui bat l'Italie 2-1, puis 4-1 en match d'appui) émergent dans le groupe 4.
Voici les quarts de finale. Le 26 juin, à Bâle, l'Uruguay élimine l'Angleterre (4-2), mais Varela et Anglade se blessent, tandis que le public de Lausanne s'enthousiasme, bien que l'Autriche marque finalement 7 buts et la Suisse seulement... 5. Le 27, à Genève, l'Allemagne élimine discrètement la Yougoslavie (2-0), cependant qu'à Berne la grande équipe de Hongrie – celle qui depuis quatre ans n'a perdu aucun des vingt-huit matchs qu'elle a disputés – prend, par 4 buts à 2, l'ascendant sur le Brésil dans une rencontre qui se transforme en une inadmissible bataille rangée poursuivie jusque dans les vestiaires.
Le tirage au sort est défavorable aux Hongrois qui, toujours sans Puskas, doivent affronter les Uruguayens à Lausanne le mercredi 30 juin ; il leur faut la prolongation pour éliminer 4 à 2, grâce à deux buts de la tête de Sandor Kocsis, les tenants du titre en moins bonne condition physique. À Bâle, l'équipe allemande, qui atteint maintenant son plein régime, inflige 6 buts à 1 à l'excellente Autriche d'Ockwirk et Stojaspal, qui se ressaisira[...]
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Écrit par
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
Classification
Média