1958 45e Tour de France
La course
Avant le départ de ce Tour de France, Marcel Bidot, le sélectionneur tricolore, doit apaiser les querelles franco-françaises : de retour sur la Grande Boucle, Louison Bobet et Raphaël Geminiani doivent désormais composer avec les volontés de Jacques Anquetil, le tenant du titre. Celui-ci accepte la présence de Bobet au sein de l'équipe de France, mais pas celle de Geminiani, qui disputera l'épreuve sous les couleurs de la formation Centre-Midi. Grande innovation : pour la première fois, le Tour est retransmis en direct par la télévision.
Le premier épisode de cette rivalité entre Français se déroule entre Caen et Saint-Brieuc (sixième étape, 223 km) : Bobet malade, Anquetil hors de forme, Raphaël Geminiani déclenche les hostilités : Anquetil et Bobet concèdent plus de 10 minutes. Le Luxembourgeois Charly Gaul, surprenant, remporte la huitième étape (un circuit de 46 km contre la montre autour de Châteaulin). À Pau (treizième étape), Geminiani endosse le maillot jaune. Il le cède dès le lendemain au grimpeur italien Vito Favero, mais les étapes pyrénéennes ne sont pas décisives.
Si Charly Gaul s'impose de nouveau lors de l'ascension (contre la montre) du mont Ventoux (dix-huitième étape, Bédouin-le mont Ventoux, 21,5 km), Raphaël Geminiani jubile : il retrouve le maillot jaune, et tous les Tricolores sont distancés. Mais le Luxembourgeois constitue désormais une réelle menace. Aussi, le lendemain (dix-neuvième étape, Carpentras-Gap, 178 km), lorsque ce dernier est victime d'un incident mécanique, Geminiani passe à l'attaque, avec, notamment, l'Italien Gastone Nencini et Jacques Anquetil : Gaul concède 10 minutes et se trouve distancé de 15 min 12 s au classement général.
L'Espagnol Federico Bahamontes remporte un succès de prestige lors de la vingtième étape (Gap-Briançon, 165 km), mais le Tour va se jouer le lendemain. Cinq cols sont au programme de cette étape Briançon - Aix-les-Bains (219 km). Pluie, froid : les conditions atmosphériques sont exécrables dans la Chartreuse. Dès le deuxième col de la journée, le Luitel, Charly Gaul prend les devants ; l'avance du Luxembourgeois ne cesse de croître : 5 min 30 s au col de Porte, 7 min 50 s au Cucheron, 12 min 20 s au Granier, 14 minutes à l'arrivée. Geminiani, isolé, n'a trouvé aucun allié – jusqu'à son ami Louison Bobet refusant de lui accorder le moindre relais – alors qu'Anquetil a abandonné. Si Vito Favero retrouve le maillot jaune au terme de cette étape dantesque, Gaul s'est rapproché à 1 min 7 s au classement général.
Le Luxembourgeois construit définitivement sa victoire lors de la vingt-troisième étape (Besançon-Dijon, 74 km contre la montre), en distançant Favero de plus de 4 minutes.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification