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1964 51e Tour de France

La course

Raymond Poulidor a remporté la Vuelta et sa popularité est en train de grandir. Jacques Anquetil vient de gagner le Giro, mais il a dû puiser dans ses réserves pour dominer les Italiens. Ce cinquante et unième Tour de France laisse présager un duel entre les deux champions français, dont la rivalité divise le pays.

Et ce duel va se jouer au fil des jours, à coups de secondes. Entre Champagnole et Thonon-les-Bains (septième étape, 195 km), Poulidor distance Anquetil de 34 secondes. Le lendemain, entre Thonon-les-Bains et Briançon (248,5 km), c'est au tour de l'Espagnol Federico Bahamontes de s'imposer, mais la deuxième place de Raymond Poulidor lui permet de s'octroyer 30 secondes de bonification, alors que le Français Georges Groussard endosse un maillot jaune qu'il conservera durant dix jours. Le lendemain, Poulidor lève le bras en signe de victoire à l'arrivée à Monaco... mais il a oublié qu'il restait un tour de piste à couvrir, et Anquetil remporte l'étape, s'octroyant la minute de bonification qui va au vainqueur. Le Normand ajoute 46 secondes (36 s sur la route et 10 s de bonification) lors du second tronçon de la dixième étape (Hyères-Toulon, 20,8 km, contre la montre).

La quatorzième étape (Andorre-Toulouse, 186 km) est riche en événements. Dès le départ, au pied du col d'Envalira, Bahamontes attaque ; Poulidor revient, un groupe se forme, Anquetil est distancé ; alors que Bahamontes et Poulidor descendent prudemment dans le brouillard, Anquetil prend tous les risques, puis engage la poursuite dans la plaine ; à 75 kilomètres du but, il est parvenu à revenir ; la malchance s'acharne sur Poulidor : une crevaison survenue à 25 kilomètres de Toulouse lui fait perdre 2 minutes sur Anquetil ; le Limousin se trouve rejeté à la sixième place du classement général, à 4 min 18 s de Georges Groussard et, surtout, à 2 min 52 s de Jacques Anquetil. Dès le lendemain, Poulidor se reprend. Lors de cette quinzième étape (Toulouse-Luchon, 203 km), il attaque au pied du dernier col de la journée, le Portillon, et s'impose, reprenant 1 min 16 s à Anquetil. Le Normand prend sa revanche au cours de la dix-septième étape (Peyrehorade-Bayonne, 42,6 km contre la montre) : il s'impose à son tour, distance le Limousin de 37 secondes et ravit le maillot jaune à Georges Groussard.

Avant la vingtième étape (Brive-le Puy de Dôme, 237,5 km), Jacques Anquetil ne précède Raymond Poulidor que de 56 secondes au classement général. Ce 12 juillet, les Espagnols Julio Jimenez et Federico Bahamontes se dégagent dès les premières pentes du Puy de Dôme et vont se disputer la victoire, qui reviendra à Jimenez. Mais l'attention se focalise en arrière : Anquetil et Poulidor gravissent la pente épaule contre épaule ; Poulidor semble supérieur, mais Anquetil résiste ; à 1 500 mètres du sommet, le Normand cède 1 mètre, puis 2, le Limousin accélère ; il lâche Anquetil, mais son démarrage a été trop tardif. Anquetil conserve le maillot jaune pour 14 secondes.

Le 14 juillet, l'ultime épreuve contre la montre (Versailles-Paris, 27,5 km) va départager les deux hommes. Télévision et radios retransmettent l'événement en direct. La France, partagée entre « Anquetiliens » et « Poulidoristes », se prend de passion. La situation reste longtemps indécise ; Anquetil devance finalement Poulidor de 21 secondes. Avec la bonification de 20 secondes accordée au vainqueur de l'étape, Jacques Anquetil remporte son cinquième Tour de France avec une avance de 55 secondes. Le public du Parc des Princes acclame les deux champions.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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