1966 53e Tour de France
La course
Le 2 juin 1966 a été publiée au Journal officiel la loi dite antidopage : « Sera puni d'une amende de 500 à 5 000 francs quiconque aura, en vue ou au cours d'une compétition sportive, utilisé sciemment l'une des substances [...] destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à la santé. » Est-ce la raison de l'absence de la quasi-totalité des Italiens ? Ces derniers préfèrent avancer d'autres arguments : leurs sponsors tirent plus de bénéfices de la publicité véhiculée par le Giro que de celle du Tour de France. Toujours est-il que cette cinquante-troisième édition de la Grande Boucle s'annonce une nouvelle fois comme un duel entre les Français Jacques Anquetil et Raymond Poulidor : les deux hommes se trouvent au sommet de leur forme, et leur rivalité n'a jamais été aussi aiguë.
Toute la première partie du Tour (jusqu'au terme de la neuvième étape, Bordeaux-Bayonne, 201 km), courue par un vent contraire, voit les routiers-sprinters s'expliquer et l'Allemand Rudi Altig porter le maillot jaune. Le premier contrôle antidopage de l'histoire du Tour a lieu le 28 juin à Bordeaux. Il s'agit d'un contrôle surprise diligenté par les pouvoirs publics français. Le lendemain, en signe de protestation, les coureurs mettent pied à terre 5 kilomètres après le départ.
Lors de la première étape pyrénéenne, Bayonne-Pau (dixième étape, 234,5 km), une vingtaine de coureurs, dont le Français Lucien Aimar et le Néerlandais Jan Janssen, sortent du peloton ; mais ni Anquetil ni Poulidor, enfermés dans leur rivalité, ne participent à cette échappée ; ils concèdent 7 minutes dans l'affaire. Jamais ils ne parviendront à combler ce handicap.
Le Tour se joue en fait dans la dix-septième étape (Briançon-Turin, 160 km) : Poulidor attaque, Anquetil ramène Aimar – son coéquipier –, qui s'échappe aussitôt ; l'Italien Franco Bitossi remporte l'étape, mais Lucien Aimar a pris plus de 2 minutes à tous ses adversaires et ravit le maillot jaune à Jan Janssen. Le 11 juillet, lors de la dix-neuvième étape (Chamonix - Saint-Étienne, 264,5 km), Jacques Anquetil, victime d'un refroidissement, met pied à terre au kilomètre 213, dans la côte de Serrières : on ne le reverra plus sur le Tour de France. Lors de la dernière étape (Rambouillet-Paris, 51,3 km contre la montre), remportée par Rudi Altig, Lucien Aimar cède du temps à Janssen et à Poulidor, mais il possédait une avance suffisante. Il remporte la Grande Boucle.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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