1967 54e Tour de France
La course
Pour cette édition, le Tour de France en revient à la formule des équipes nationales. Mais est-il possible de désigner un leader, alors que les coureurs sont rivaux durant le reste de la saison ? Le cas de l'équipe de France est symptomatique. Marcel Bidot, le sélectionneur, a réuni les meilleurs coureurs français. Raymond Poulidor semble un leader naturel. Mais Lucien Aimar n'est-il pas le tenant du titre ? Et Roger Pingeon se montre en grande forme... Les organisateurs proposent une nouveauté : un prologue (un court contre la montre de 5,775 km) qui permettra de décerner le premier maillot jaune. Longtemps crédité du meilleur temps, Raymond Poulidor connaît la cruelle désillusion de se voir devancé de 6 secondes par l'Espagnol Jose Maria Errandonea : le maillot jaune lui échappe une nouvelle fois.
Roger Pingeon réussit le premier exploit de ce Tour : lors de la cinquième étape (Roubaix-Jambes, 172 km), il mène un raid solitaire de 60 kilomètres et distance tous les favoris de plus de 6 minutes. La huitième étape (Strasbourg-Belfort, 215 km) met fin aux espoirs de succès final de Raymond Poulidor. Il chute à 50 kilomètres du ballon d'Alsace, puis Lucien Aimar force l'allure pour distancer l'Italien Felice Gimondi, retardé par une crevaison ; contraint de mener une longue poursuite vent de face, le Limousin se présente exténué au pied du col vosgien ; son retard n'est alors que de 3 minutes ; au sommet, où Lucien Aimar s'impose, il se monte à 11 minutes. Raymond Poulidor sait qu'il a perdu le Tour. Il se met alors au service de Roger Pingeon, qu'il aide précieusement dans la montée du Galibier (dixième étape, Divonne-les-Bains - Briançon, 243 km), lui permettant de ne pas concéder un retard trop conséquent sur Felice Gimondi (vainqueur) et l'Espagnol Julio Jimenez.
Le jeudi 13 juillet, entre Marseille et Carpentras (treizième étape, 211,5 km) le drame se produit. Sur les pentes surchauffées du mont Ventoux, à 3 kilomètres du sommet ; le Britannique Tom Simpson zigzague, puis tombe une première fois ; des spectateurs le remettent en selle ; il chute de nouveau 300 mètres plus loin ; le docteur Dumas tente en vain de le réanimer ; on le transporte en hélicoptère vers l'hôpital d'Avignon ; rien n'y fait. À 17 h 30, la nouvelle redoutée est diffusée : Tom Simpson est mort, victime d'un collapsus cardiaque. Des amphétamines ont été retrouvées dans ses poches. Le docteur Dumas refuse de délivrer le permis d'inhumer. L'autopsie révélera que Tom Simpson avait effectivement absorbé des amphétamines : ce jour-là, un sportif est mort victime du dopage. A-t-on pour autant pris réellement conscience de la gravité de ce fléau ?
La suite de l'épreuve devient anecdotique. Felice Gimondi et, surtout, l'Espagnol Julio Jimenez tenteront en vain de désarçonner Roger Pingeon, solidement secondé par Raymond Poulidor, qui s'offrira un succès de prestige lors de la dernière étape (Versailles-Paris, 46 km contre la montre).
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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