1970 9e Coupe du monde de football
Les Africains ayant obtenu gain de cause, ce sont cette fois soixante et onze pays sur les cent trente-cinq affiliés à la F.I.F.A. qui tentent de se qualifier pour la phase finale, où selon la règle admise en 1967 les remplacements seront maintenant autorisés, à raison de deux, à n'importe quel moment d'une rencontre. La concurrence est évidemment de plus en plus rude ; Argentine, Écosse, Espagne, Hongrie, Pays-Bas, Yougoslavie, le Portugal lui-même n'iront pas au Mexique, lequel vient d'organiser deux ans auparavant les Jeux Olympiques, inaugurant à cette occasion l'impressionnant stade Aztèque en partie enterré dans le sol.
Dès son premier match de poule qualificative pourtant joué chez elle à Strasbourg, l'équipe de France, battue 1 but à 0 par la modeste Norvège et son gardien de but Olsen, perd toutes ses chances. On note en revanche de nouveaux venus : le Maroc, Israël, qui s'impose dans la zone Asie-Océanie, et le Salvador en Amérique centrale, dont le match d'appui gagné à Mexico 3 buts à 2 après prolongation contre le Honduras déclenche tout simplement la guerre entre les deux pays !
Le 31 mai, le match d'ouverture entre le Mexique et l'U.R.S.S. ne donne rien (0-0) ; pourtant cette IXe Coupe du monde va constituer la plus belle fête de l'histoire du football ; dans le groupe 1, ces deux premiers protagonistes se montreront en tout cas supérieurs à la Belgique et au Salvador. Dans le groupe 2, à Puebla et Toluca, l'Italie et l'Uruguay, pourtant battu par la Suède 1 but à 0, se qualifient ; Suède et Israël sont éliminés. Dans le groupe 3, à Guadalajara, dès son premier match contre la Tchécoslovaquie, le Brésil donne toute sa mesure : 4 buts à 1 avec en attaque Gerson, Rivelino, Jaïrzinho, Tostão et Pelé qui, juste avant la mi-temps, seul de tout le stade à avoir vu le gardien Viktor avancé, tente depuis le rond central un lob dont la réussite eût été inoubliable mais qui passe de peu à côté ; la rencontre contre l'Angleterre est serrée, Banks fait des prodiges dans les buts, mais le Brésil gagne 1 but à 0, Moore et Pelé échangeant fraternellement leur maillot après cette rencontre très intense ; l'Angleterre va se qualifier également. À León, enfin, dans le groupe 4, l'Allemagne, à laquelle résiste bien le Maroc (2-1), domine la Bulgarie (5-2) et le Pérou (3-1), mais ce dernier – qui a pour entraîneur le Brésilien Didi, naguère spécialiste des tirs brossés en “feuille morte”, et surprit déjà en privant l'Argentine de l'accès à la phase finale – brille contre la Bulgarie (3-2) et le Maroc (2-0), éliminés à son profit.
Quarts de finale : à Toluca, l'Italie (2 buts de Riva) met fin aux espoirs du Mexique (4-1) ; à Guadalajara, le Pérou ne peut rien contre le Brésil (4-2). Les deux autres rencontres vont aller jusqu'à la prolongation : à Mexico, l'Uruguay, grâce à un but marqué à l'ultime minute et qui n'aurait pas dû être validé, élimine l'U.R.S.S. (1-0) ; le dernier match, qui constitue la revanche de la finale de 1966, est joué à León, où il fait 50 degrés au soleil ; les Anglais mènent 2 buts à 0 au bout de cinquante minutes et Alf Ramsey commet l'erreur de faire sortir Bobby Charlton pour l'économiser ; les Allemands vont revenir par Beckenbauer puis Seeler, à sept minutes de la fin du temps réglementaire, et l'efficace Gerd Muller, qui s'avérera le meilleur réalisateur de cette édition avec dix buts, qualifie enfin l'Allemagne à la cent neuvième minute.
Le 17 juin, à Mexico, c'est au cours des arrêts de jeu que Schnellinger, monté à l'attaque lui aussi, annule l'avantage italien : à 1 but partout, il faut une prolongation. Elle sera fertile en rebondissements constants, chacun des deux protagonistes prenant tour à tour un avantage qui peut[...]
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Écrit par
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
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