1974 10e Coupe du monde de football
Le 13 juin au Waldstadion de Francfort pour la cérémonie d'ouverture, Pelé présente au public la coupe Jules-Rimet devenue définitivement propriété du Brésil. Uwe Seeler, à son côté, tient et montre une statuette en or massif de 36 centimètres de hauteur sur une largeur de 13 centimètres à la base, œuvre du sculpteur italien Silvio Gazzaniga. Retenu parmi les cinquante-trois projets proposés au concours de création de cette “F.I.F.A. World Cup” – nouvelle appellation témoignant des progrès constants de l'anglais comme langue usuelle de communication et d'une moindre place de la France dans une géopolitique du sport –, ce trophée restera désormais la propriété perpétuelle de la Fédération internationale.
Quatre-vingt-dix pays se sont inscrits pour tenter d'accéder à la phase finale ; n'y parviendront pas l'Angleterre, éliminée par la Pologne, la Belgique, l'Espagne, la Hongrie, le Portugal, la Tchécoslovaquie, le Mexique évincé par Haïti, le Pérou ; en revanche, la République démocratique allemande, l'Australie et le Zaïre, rescapé d'un marathon de trois tours (vingt-quatre pays dans la zone africaine), seront présents. Mais pas la France, qui bat l'U.R.S.S. 1 but à 0 à Paris, s'incline à Dublin 2 buts à 1 devant l'Eire sans pouvoir prendre ensuite sa revanche (1-1), avant d'être dominée (0-2) à Moscou.
La notion de championnat remplace celle de coupe : il y aura désormais deux tours disputés en groupes et donnant accès à la finale, sans élimination directe comme c'était le cas naguère à partir des quarts de finale ; le nombre de rencontres passe ainsi de trente-deux à trente-huit, source de recettes supplémentaires. Le 11, le Brésilien João Havelange, battant l'Anglais Stanley Rous (quatre-vingts ans) au second tour, est devenu le premier non-Européen président de la F.I.F.A.
Dans le groupe 1, s'il y a un match que la R.F.A. devrait en principe désirer gagner par-dessus tout, c'est celui qui l'oppose, le 22 juin à Hambourg, à la R.D.A. et ses deux mille supporters perdus dans les tribunes ; or elle encaisse à la soixante-dix-septième minute un but de Sparwasser, le seul de la rencontre ; mais les deux Allemagnes se qualifient, contrairement au Chili et à l'Australie, et la deuxième place de l'Allemagne de l'Ouest ne la place-t-elle pas dans un groupe moins difficile pour la suite ? Dans le groupe 2, la Yougoslavie et le Brésil comptent 4 points, comme l'Écosse, mais la première a battu les Léopards du Zaïre encore naïfs 9 buts à 0, et le second n'a pris aucun but en trois matchs, tout en n'en marquant que trois : ces deux équipes joueront le tour suivant. Dans le groupe 3, les Pays-Bas et la Suède débutent par un 0-0 ; mais les équipiers du génial attaquant aux longs cheveux de l'Ajax d'Amsterdam puis de Barcelone Johan Cruijff ne vont pas manquer leur entrée dans le tableau final de la Coupe du monde : ils dominent 2 buts à 0 l'Uruguay au jeu vieilli – que la Suède bat 3 buts à 0 – et 4 buts à 1 la Bulgarie. Dans le groupe 4, pendant près d'une heure, Haïti fait trembler l'Italie, son avant-centre ayant mis fin aux 12 matchs et 1 143 minutes d'invincibilité du gardien Dino Zoff, mais les Transalpins ont plus de métier et gagnent 3 buts à 1 ; toutefois, c'est pour eux une cuvée médiocre, et les qualifiés seront la Pologne de Szarmach et Lato (trois victoires, 3-2 sur l'Argentine, 7-0 contre Haïti, 2-1 face à l'Italie) et l'Argentine où Mario Kempes commence à faire parler de lui.
Au deuxième tour, dans le groupe A, les Pays-Bas poursuivent leur festival : l'Argentine s'incline 4 buts à 0, la R.D.A. et le Brésil 2 buts à 0, Cruijff faisant des merveilles. Dans le groupe B, la R.F.A. domine la Yougoslavie (2-0), la Suède (4-2)[...]
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Écrit par
- Jean DURRY : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique
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