1986 73e Tour de France
La course
Si le Français Laurent Fignon se trouve de nouveau au départ du Tour de France, sa forme demeure précaire, et il n'est appelé à jouer aucun rôle important (il abandonnera lors de la douzième étape). Les deux principaux protagonistes de l'épreuve restent le Français Bernard Hinault et l'Américain Greg LeMond, coéquipiers au sein de la formation La Vie claire de Bernard Tapie. Bernard Hinault a annoncé qu'il prendra sa retraite sportive à la fin de la saison. Il se verrait bien dépasser le Français Jacques Anquetil et le Belge Eddy Merckx en remportant le Tour pour la sixième fois. Mais, en fonction, du « pacte » de l'an passé, la victoire est normalement destinée à Greg LeMond.
Greg LeMond est surpris lors de la première étape pyrénéenne (douzième étape, Bayonne-Pau, 217,5 km) : Bernard Hinault lance une offensive ; Greg LeMond tergiverse, n'osant poursuivre son coéquipier ; à l'arrivée, où l'Espagnol Pedro Delgado s'impose, il a perdu près de 5 minutes sur son partenaire, qui revêt le maillot jaune. Sa perplexité grandit le lendemain (treizième étape, Pau-Superbagnères, 186 km), quand Hinault attaque dans la descente du Tourmalet et poursuit son effort dans le col d'Aspin ; mais, cette fois-ci, Greg LeMond a décidé de réagir ; Bernard Hinault connaît une défaillance dans la montée vers Superbagnères, où Greg LeMond s'impose, comblant une partie de son retard au classement général. Greg LeMond s'empare enfin du maillot jaune à l'issue de la dix-septième étape (Gap-le Granon, 179,5 km).
Le lendemain, entre Briançon et L'Alpe-d'Huez (162,5 km), le Tour vit une étape d'anthologie, mêlant complicité, ruse, épopée. Les positions de Greg LeMond et Bernard Hinault semblent bien assurées, mais le troisième, le Suisse Urs Zimmermann, n'est pas complètement distancé au classement général. C'est la raison pour laquelle Bernard Hinault attaque dans la descente du Galibier, puis accélère dans le col du Télégraphe ; Greg LeMond surveille un moment Urs Zimmermann, un petit écart se creuse ; mais LeMond a compris qu'il lui faut réagir ; il augmente la cadence, se débarrasse du Suisse et rejoint le Français. Il reste 100 kilomètres pour rallier l'arrivée. Au sommet de la Croix-de-Fer, le Suisse accuse un retard de 2 minutes ; Hinault mène le plus souvent. Les deux complices attaquent ensemble les lacets de L'Alpe-d'Huez et franchissent la ligne d'arrivée côte à côte : la victoire d'étape est pour Hinault, le Tour pour LeMond, Zimmermann a perdu plus de 5 minutes.
Greg LeMond devient le premier Américain vainqueur du Tour de France, confirmant la réelle « mondialisation » de l'épreuve.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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