1987 1ere Coupe du monde de rugby
La tenue d'une Coupe du monde de rugby a longtemps semblé impensable, concernant un sport ancré dans la tradition issue de la Grande-Bretagne du xixe siècle et dont les dirigeants ont toujours fait du respect de la notion d'amateurisme une priorité. Depuis le début du xxe siècle (1910 plus précisément), le calendrier du rugby est rythmé par un événement annuel incontournable pour les cinq équipes majeures de l'hémisphère Nord (Angleterre, Écosse, Irlande, pays de Galles, France) : le Tournoi des cinq nations. Les confrontations entre ces cinq équipes de l'hémisphère Nord et les pays de l'hémisphère Sud (Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande et Australie) se produisent à l'occasion de tournées épisodiques. Quelques pays (Roumanie, Italie, Japon...), le plus souvent sur l'initiative de la France, connaissent parfois l'honneur de se voir invités à disputer un match. Néanmoins, les dirigeants de l'International Board, réunis à Paris le 22 mars 1985, ont décidé de la création de la Coupe du monde, sous l'impulsion de Nicholas Shehadie, président de la Fédération australienne, et d'Albert Ferrasse, président de la Fédération française, malgré les réserves des Anglais et des Gallois et la franche hostilité des Écossais et des Irlandais.
Seize pays sont invités à disputer cette première édition de la Coupe du monde. L'Afrique du Sud n'en fait pas partie, en raison de sa politique d'apartheid qui l'exclut du concert des nations.
Le premier match de l'histoire de la Coupe du monde oppose, le 22 mai à l'Eden Park d'Auckland, dans la poule C, la Nouvelle-Zélande à l'Italie ; l'ampleur du score (70 points à 6 en faveur des All Blacks) souligne déjà les limites de cette compétition, les différences de niveau se révélant par trop flagrantes ; lors de cette rencontre, l'ailier néo-zélandais John Kirwan éblouit les observateurs par son talent, en slalomant dans la défense italienne sur 80 mètres pour inscrire un magnifique essai. Les Fidji, malgré deux défaites face à la Nouvelle-Zélande (74-13) et à l'Italie (18-15), se qualifient également pour les quarts de finale.
Dans la poule A, l'Australie bat l'Angleterre (19-6) le 23 mai à Sydney et s'assure la première place. Les Anglais, vainqueurs des Japonais (60-7) et des Américains (34-6), se qualifient également.
Dans la poule B, le pays de Galles bat l'Irlande (13-6) le 25 mai à Wellington. Les deux équipes britanniques se qualifient, malgré une honnête résistance du Tonga et du Canada.
La France, qui vient de réussir le Grand Chelem dans le Tournoi des cinq nations sous le capitanat de Daniel Dubroca, est versée dans la poule D en compagnie de l'Écosse, de la Roumanie et du Zimbabwe. Le 23 mai à Christchurch, le premier match est capital : la France rencontre l'Écosse ; le perdant devra affronter les All Blacks en quarts de finale. Longtemps menés au score, les Tricolores doivent leur salut à Serge Blanco, un arrière de génie : alors que la marque est de 16 points à 14 en faveur des Écossais à cinq minutes de la fin du match, il surprend partenaires et adversaires en jouant rapidement à la main une pénalité et marque un essai entre les poteaux. Mais l'Écosse revient grâce à un essai de Matthew Duncan et le match se termine sur une égalité (20-20), Gavin Hastings manquant la transformation qui aurait donné la victoire à son équipe. En fait, ce match nul correspond à un succès pour les Tricolores, puisque, selon le règlement, la France, qui a inscrit un essai de plus que l'Écosse (trois contre deux), se verra classée en première position. Le XV de France dominera sans inquiétude la Roumanie (55-12) et le Zimbabwe (70-12).
Quarts de finale. Le 6 juin à Christchurch, la Nouvelle-Zélande s'impose face à l'Écosse (30-3), notamment grâce à six[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs