2003 5e Coupe du monde de rugby
Initialement, la Ve Coupe du monde de rugby devait être organisée conjointement par l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais, en avril 2002, les Néo-Zélandais, qui devaient accueillir vingt-trois des quarante-huit matchs, ont perdu leur rôle de co-organisateurs en raison du non-respect du cahier des charges. Pour la première fois depuis la création de l'épreuve, le favori de la compétition vient de l'hémisphère Nord : l'Angleterre, qui a réussi au printemps le Grand Chelem dans le Tournoi des six nations avant de dominer sur leur terrain All Blacks et Wallabies, rallie la majorité des suffrages. La Nouvelle-Zélande, qui a remporté le Tri-Nations, la grande compétition de l'hémisphère Sud, en proposant un jeu attractif, semble l'équipe la plus à même de contester la supériorité anglaise. L'Australie, tenante du titre et pays organisateur, ne saurait être écartée. Quant au XV de France, qui avait pourtant réalisé le Grand Chelem dans le Tournoi des six nations en 2002, il paraît avoir perdu de sa superbe. Néanmoins, motivés par leur capitaine, Fabien Galthié, les trente joueurs sélectionnés par Bernard Laporte et Jo Maso ont bénéficié d'une préparation longue – trois mois – et minutieuse, ce qui leur confère un statut d'outsiders. L'Afrique du Sud est parfois citée, mais plus au regard de l'histoire que des performances récentes des Springboks. Quant aux quinze autres participants, dépasser le stade des quarts de finale relèverait pour eux de l'exploit. La formule alambiquée de 1999, avec matchs de barrage permettant d'accéder aux quarts de finale, a été abandonnée. Les équipes se trouvent réparties dans quatre groupes de cinq, les deux premières accédant aux quarts de finale. Pour les matchs du premier tour, le système de décompte des points appliqué dans le Tri-Nations (4 points pour une victoire, 2 pour un match nul, 0 pour une défaite ; 1 point de bonus pour toute équipe marquant quatre essais ou plus dans une rencontre, ce qui doit favoriser l'offensive ; 1 point de bonus pour toute équipe battue par 7 points d'écart ou moins, pour motiver une formation dominée) est adopté. Ces dispositions n'auront en définitive aucune influence sur le classement.
Dans le groupe A, le vendredi 10 octobre, le match d'ouverture oppose l'Australie à l'Argentine au Telstra Stadium de Sydney. Les Wallabies dominent les Pumas (24-7), mais les 81 350 spectateurs se montrent déçus par la prestation des deux équipes. Le dimanche 26 octobre, à Adélaïde, la rencontre entre l'Irlande et l'Argentine est décisive pour la qualification. L'Argentine part avec un handicap certain, puisqu'il s'agit pour elle du quatrième match en quatorze jours – en raison d'un calendrier bâti plus en fonction des impératifs des télévisions des nations majeures du Board que de l'équité sportive –, alors que l'Irlande ne joue que sa troisième rencontre. Malgré la réussite de leur buteur, Gonzalo Quesada, les Pumas s'inclinent (15-16) et quittent la compétition. Le samedi 1er novembre, au Telstra Dome de Melbourne, la première place du groupe se joue entre l'Australie et l'Irlande : les 54 206 spectateurs sont médusés, car les hommes au trèfle, dans le sillage du charismatique talonneur Keith Wood et du brillant trois-quarts centre Brian O'Driscoll, font plus que menacer les Wallabies, lesquels s'imposent néanmoins sur le fil (17-16). Cette courte victoire leur permet d'éviter de devoir en découdre avec l'équipe de France en quarts de finale. La Roumanie et la Namibie ne constituaient que des faire-valoir.
La France est versée dans le groupe B et entame la compétition face aux Fidji, le samedi 11 octobre au Suncorp Stadium de Brisbane. Jouant parfaitement leur partition, les Tricolores ne laissent[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs