2003 90e Tour de France
La course
Le Tour de France célèbre en 2003 le centenaire de sa création. L'occasion est belle de réaffirmer le dynamisme d'une épreuve discréditée en 1998 par l'affaire Festina, dont les stigmates semblent s'effacer peu à peu. Les organisateurs ont tracé un parcours empruntant les villes-étapes de la première édition (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes) et les hauts lieux où s'est forgée la légende des « Géants de la route » (Galibier, L'Alpe-d'Huez, Izoard, Tourmalet, Luz-Ardiden). De nombreuses manifestations commémoratives sont prévues : inauguration de la plaque du Centenaire devant le café Le Réveil-Matin à Montgeron – l'endroit d'où s'élancèrent, le 1er juillet 1903, soixante pionniers pour un périple de 2 428 kilomètres –, présentation de tous les anciens vainqueurs encore en vie avant le départ (le Suisse Ferdi Kubller étant leur doyen), hommages divers (à Henri Desgrange, Géo Lefèvre, Jacques Goddet...).
L'Américain Lance Armstrong fait un indiscutable favori de l'épreuve. On voit mal qui pourrait contester la domination sans partage qu'il exerce sur la Grande Boucle depuis 1999. Certes, l'Allemand Jan Ullrich se trouve de nouveau au départ. Mais il est resté éloigné du peloton durant quinze mois et, de son propre aveu, ses ambitions sont modestes : il les limite à une victoire d'étape et souhaite avant tout retrouver de bonnes sensations. Le vainqueur du Giro, l'Italien Gilberto Simoni, a bien annoncé qu'il défierait Lance Armstrong. Mais, depuis plusieurs années, un vainqueur du Tour d'Italie ne se transforme pas automatiquement en candidat au succès dans le Tour de France (Simoni se classera finalement quatre-vingt-quatrième, à 2 h 35 min 47 s du vainqueur).
L'Australien Bradley McGee remporte le prologue – disputé dans Paris intra-muros –, en devançant de 8 centièmes de secondes le Britannique David Millar, victime d'un incident mécanique. La première semaine est l'affaire des sprinters, notamment de l'Italien Alessandro Petacchi, qui s'octroie quatre succès. La quatrième étape (Joinville - Saint-Dizier, 69 km contre la montre par équipes) est remportée par la formation U.S. Postal, ce qui ravit Lance Armstrong, qui n'était jamais parvenu à gagner une étape disputée selon cette formule, et son coéquipier Victor Hugo Pena, qui devient le premier Colombien à porter le maillot jaune. À l'occasion de la première étape de montagne (septième étape, Lyon - Morzine-Avoriaz, 230,5 km), le Français Richard Virenque l'emporte à l'issue d'une longue échappée et revêt le maillot jaune. Le lendemain, la grande étape des Alpes conduit les coureurs de Sallanches à L'Alpe-d'Huez (219 km, avec le Galibier au programme). Fidèle à ses habitudes, Lance Armstrong demande à ses équipiers de forcer l'allure dès le pied de la montée finale et passe à l'offensive ; mais il se voit contré par le grimpeur espagnol Iban Mayo, qui le devance de 2 min 12 s au sommet – un échec surprenant, même si Armstrong ravit le maillot jaune à Richard Virenque.
Le lendemain, lors de la neuvième étape (Bourg-d'Oisans - Gap, 184,5 km), le Kazakh Alexandre Vinokourov distance l'Américain et s'impose. Dans la descente de la côte de la Rochette, l'Espagnol Joseba Beloki, qui semblait cette année vouloir sortir de son attentisme et ne pas se contenter d'une place sur le podium, chute. Il se voit contraint à l'abandon alors que Lance Armstrong, qui le suivait, l'évite grâce à un étonnant réflexe.
Lance Armstrong, qui n'est donc pas parvenu à laminer la concurrence dans les Alpes, se voit offrir une nouvelle opportunité : il compte affirmer sa domination à l'occasion du premier grand contre la montre individuel (douzième[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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