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2004 91e Tour de France

La course

En 1965, le Français Jacques Anquetil, qui ne voyait pas ce qu'un sixième succès dans le Tour de France pourrait apporter à sa notoriété, n'avait pas participé à la Grande Boucle, pour relever un autre défi : remporter le difficile Critérium du Dauphiné libéré (8 étapes), qui s'achevait le 29 mai en Avignon, puis Bordeaux-Paris (557 km), dont le départ était donné le même jour à minuit ; l'année suivante, le champion normand avait préféré sacrifier ses chances dans les Pyrénées, tout en entraînant la perte de Raymond Poulidor, et favoriser le succès final de son coéquipier Lucien Aimar. En 1975, le Belge Eddy Merckx, victime d'une défaillance aussi soudaine qu'inattendue dans la montée vers Pra-Loup, avait été battu par le Français Bernard Thévenet. En 1986, le Français Bernard Hinault avait dû s'incliner derrière son coéquipier américain Greg LeMond. En 1996, l'Espagnol Miguel Indurain, victime d'une « fringale » dans l'ascension vers Les Arcs, puis dominé dans les Pyrénées, avait terminé loin (onzième) du vainqueur du Tour, le Danois Bjarne Riis. Bref, tous ces quintuples vainqueurs de la Grande Boucle avaient échoué dans la quête d'une sixième victoire. En 2004, l'Américain Lance Armstrong relève à son tour cet improbable défi.

Au départ, Lance Armstrong fait certes figure de favori. Mais l'Allemand Jan Ullrich, qui lui avait contesté jusqu'au bout son succès en 2003, se prétend cette fois mieux préparé. Un autre Américain, Tyler Hamilton, semble lui aussi en mesure de remporter le Tour. En outre, Lance Armstrong a été nettement dominé par l'Espagnol Iban Mayo – encore un prétendant à la victoire finale – lors du récent Critérium du Dauphiné libéré. De plus, la parution, quelques jours avant le départ du Tour, d'un livre dans lequel les auteurs accusent le champion américain d'avoir eu recours au dopage alimente la polémique.

Si le jeune Suisse Fabian Cancellara remporte le prologue, Lance Armstrong apporte une première réponse à tous ceux qui manifestaient des doutes : il se classe deuxième et, surtout, distance Jan Ullrich de 15 secondes sur 6 kilomètres ! La première semaine de course est traditionnellement l'affaire des sprinters, et ceux-ci s'en donnent à cœur joie : l'Estonien Jan Kirsipuu, l'Australien Robbie McEwen, le Français Jean-Patrick Nazon, le Belge Tom Boonen, le Norvégien Thor Hushovd reçoivent tour à tour le bouquet du vainqueur. Cette première semaine de course ne fut cependant pas monotone. Lors de la troisième étape (Waterloo-Wasquehal, 210 km), Iban Mayo chute peu avant que le peloton aborde les secteurs pavés, au moment où la formation de Lance Armstrong, l'U.S. Postal, durcit la course : le grimpeur basque concède 3 min 53 s et voit ses chances de succès final s'envoler. La quatrième étape propose un contre-la-montre par équipes (Cambrai-Arras, 64,5 km) : l'U.S. Postal s'impose nettement, et Lance Armstrong enfile déjà le maillot jaune. Le lendemain, entre Amiens et Chartres (200,5 km), une échappée se développe et cinq hommes devancent le peloton de plus de 12 minutes : l'Australien Stuart O'Grady remporte l'étape, tandis que le jeune Français Thomas Voeckler endosse un maillot jaune qu'il va conserver durant douze jours, gagnant le cœur du public.

Le 14 juillet, les coureurs abordent la moyenne montagne à l'occasion de la dixième étape (Limoges - Saint-Flour, 237 km). Échappé dès le départ, le Français Richard Virenque passe les neuf côtes ou cols du jour en première position, tissant déjà son septième maillot à pois de meilleur grimpeur du Tour de France – ce qui lui permettra de battre le record en la matière qu'il co-détenait avec l'Espagnol Federico Bahamontes et le Belge Lucien Van Impe –, et s'impose.[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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