2005 92e Tour de France
La course
Le premier événement important de la quatre-vingt-douzième édition du Tour de France se déroule... le 18 avril 2005 à Augusta (Georgie). Ce jour-là, l'Américain Lance Armstrong annonce qu'il mettra un terme à sa carrière de coureur cycliste professionnel le 24 juillet 2005, au soir de la dernière étape de la Grande Boucle, quel que soit son résultat. En 2004, contrairement à tous ses prédécesseurs, il avait réussi à remporter un sixième Tour de France. Il se propose de relever un dernier défi : se retirer sur une prestigieuse victoire, quand Jacques Anquetil fit ses adieux en novembre 1969 sur une piste de Charleroi, dans l'anonymat, Eddy Merckx raccrocha sa bicyclette le 19 mars 1978, à l'arrivée de la modeste kermesse de Kemzeke, Bernard Hinault quitta le peloton en 1986 à l'issue du Championnat du monde dont il prit la cinquante-neuvième place, Miguel Indurain s'éclipsa en septembre 1996 en abandonnant la Vuelta.
L'Allemand Jan Ullrich se présente encore comme le plus sérieux adversaire d'Armstrong, d'autant qu'il est épaulé au sein de l'équipe T-Mobile par son compatriote Andreas Klöden (deuxième du Tour en 2004) et par le Kazakh Alexandre Vinokourov (troisième en 2003). Contrairement à l'habitude, le Tour ne débute pas par un prologue (dont la distance ne doit pas dépasser 8 km), mais par un court contre-la-montre de 19 kilomètres entre Fromentine et Noirmoutier-en-l'Île. Le Tour commence en fait par un coup de tonnerre : après 16 kilomètres, Lance Armstrong rejoint Jan Ullrich, parti 1 minute avant lui ! Si l'Américain David Zabriskie remporte l'étape (avec 2 s d'avance sur Lance Armstrong), l'image d'Armstrong « avalant » Ullrich (finalement onzième à 1 min 8 s) fait penser qu'une nouvelle fois le suspense ne sera pas au rendez-vous de la Grande Boucle.
Comme souvent, la première semaine est l'affaire des sprinters (le Belge Tom Boonen remporte les deuxième et troisième étapes ; l'Australien Robbie McEwen s'adjuge les cinquième et septième). Lors du contre-la-montre par équipes (quatrième étape, Tours-Blois, 67,5 km), la formation Discovery Channel s'impose, et Lance Armstrong endosse le maillot jaune. Il le cède à l'Allemand Jens Voigt à l'issue de la neuvième étape (Gérardmer-Mulhouse, 171 km), marquée par la longue échappée du Danois Michael Rasmussen qui tisse déjà, à la manière du Français Richard Virenque les années précédentes, son maillot à pois de meilleur grimpeur.
Le peloton aborde la haute montagne dans la dixième étape (Grenoble-Courchevel, 192,5 km). L'« armada » Discovery Channel force l'allure dès le pied de la montée finale et, selon un scénario habituel, Lance Armstrong distance ses principaux rivaux lors de cette première arrivée en altitude : l'Italien Ivan Basso lui cède 1 min 2 s, Jan Ullrich, 2 min 14 s, Alexandre Vinokourov, 5 min 18 s. Néanmoins, Lance Armstrong se voit devancé au sprint par le jeune Espagnol Alejandro Valverde. L'Américain a cependant la mainmise sur la course. La douzième étape (Briançon-Digne, 187 km par la Madeleine et le Galibier) voit une échappée pleine de panache d'Alexandre Vinokourov ; mais celle-ci ne s'avère guère productive (il ne reprend qu'1 min 15 s à Lance Armstrong).
Dans les Pyrénées, Lance Armstrong contrôle aisément la course. Son étonnant compatriote et fidèle équipier George Hincapie s'adjuge même l'étape considérée comme la plus difficile du Tour (quinzième étape, Lézat-sur-Lèze - Saint-Lary-Soulan, 205,5 km, avec au programme quatre cols de première catégorie et la montée finale, classée hors catégorie). Un tel succès provoque le malaise : de nombreux observateurs s'étonnent qu'un coureur de son gabarit, capable de viser la victoire dans Paris-Roubaix (il s'est classé deuxième[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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