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2006 93e Tour de France

La course

Avec la retraite de l'Américain Lance Armstrong, cette quatre-vingt-treizième édition du Tour s'annonçait ouverte. Parmi les favoris, les noms les plus cités étaient ceux de l'Allemand Jan Ullrich, qui fut le plus sérieux rival de l'Américain, de l'Italien Ivan Basso, deuxième en 2005 et impressionnant vainqueur du Giro en 2006, et du Kazakh Alexandre Vinokourov. On se prenait également à rêver d'une nouvelle ère pour le cyclisme et le Tour, après des années de suspicion concernant, entre autres, les performances hors norme du Texan. Mais, le 23 mai 2006, la police espagnole perquisitionne le domicile du docteur Eufemiano Fuentes à Madrid : une nouvelle affaire de dopage – impliquant cinquante personnes – est mise au jour. La justice espagnole autorise la levée du secret de l'instruction, et les rumeurs se confirment. La veille du départ de la Grande Boucle, tous les noms des coureurs et dirigeants apparaissent dans cette affaire sont donc rendus publics. Parmi eux, les deux favoris du Tour, Jan Ullrich et Ivan Basso, ainsi que l'Espagnol Francisco Mancebo, quatrième en 2005, et cinq coureurs de l'équipe Astana-Würth, coéquipiers d'Alexandre Vinokourov. Conformément à ce qu'ils avaient indiqué, les groupes sportifs excluent eux-mêmes ces coureurs. Si le nom d'Alexandre Vinokourov n'apparaît pas dans cette « opération Puerto », son équipe, réduite à quatre éléments, n'est pas autorisée à prendre le départ. Treize coureurs sont donc exclus du Tour de France avant même son départ. Lance Armstrong à la retraite, Jan Ullrich, Ivan Basso, Francisco Mancebo et Alexandre Vinokourov exclus : les cinq premiers de l'édition 2005 ne participeront donc pas au Tour de France 2006.

Le Norvégien Thor Hushovd remporte le prologue. Durant la première semaine, les sprinters se distinguent, notamment l'Australien Robbie McEwen, qui s'adjuge trois étapes. Les prétendants à la victoire ont un premier rendez-vous : le contre-la-montre entre Saint-Grégoire et Rennes (septième étape, 52 km). La victoire revient au surprenant vétéran ukrainien Serhiy Honchar, qui endosse le maillot jaune. L'Américain Floyd Landis, deuxième à 1 min 1 s, est parvenu à tirer son épingle du jeu, tandis que son compatriote Levi Leipheimer, qui concède 6 min 6 s à l'Ukrainien, s'est écroulé. Le peloton aborde les Pyrénées lors de la dixième étape (Cambo-les-Bains - Pau, 190,5 km) : à l'issue d'une échappée, l'Espagnol Juan Miguel Mercado s'impose, devant le Français Cyrille Dessel, qui revêt le maillot jaune. L'explication entre leaders a lieu le lendemain, entre Tarbes et Pla-de-Beret (211,5 km) : le Russe Denis Menchov s'impose, Floyd Landis endosse le maillot jaune, tandis que l'Allemand Andreas Klöden (neuvième à 1 min 31 s) déçoit.

Le Tour connaît un épisode peu banal lors de la treizième étape (Béziers-Montélimar, 230 km). Cinq hommes prennent les devants ; leur avance croît. Floyd Landis, qui estime que sa formation Phonak est trop faible pour assumer le poids de la course, demande à ses coéquipiers de ne pas assurer la poursuite : à l'arrivée, l'Allemand Jens Voigt remporte l'étape, devant l'Espagnol Oscar Peirero... qui revêt le maillot jaune, car le peloton se présente 29 min 57 s après les fuyards ! Floyd Landis, désormais deuxième à 1 min 29 s, déclare qu'il s'agit d'une manœuvre délibérée.

La quinzième étape (Gap - L'Alpe-d'Huez, 187 km) voit la victoire du Luxembourgeois Frank Schleck à l'issue d'une échappée. Les favoris s'expliquent dans les célèbres vingt et un lacets de la montée finale : Andreas Klöden force l'allure, Floyd Landis parvient à le suivre facilement, mais refuse de collaborer avec celui qu'il considère comme son adversaire le plus redoutable[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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