2008 95e Tour de France
La course
Au moment où s'élance la 95e édition de la Grande Boucle, chacun espère encore un renouveau du Tour. Mais le divorce entre Amaury Sport Organisation et l'Union cycliste internationale (U.C.I.) est alors consommé. Ainsi, la plus grande course cycliste du monde n'est pas organisée sous l'égide de l'U.C.I., mais sous celle de la Fédération française de cyclisme. En conséquence, l'U.C.I. ne fournira pas à l'organisation les données du « passeport biologique », mis en place à la fin de 2007. En outre, l'équipe Astana, dont fait désormais partie le dernier vainqueur du Tour, l'Espagnol Alberto Contador, n'a pas été invitée. En l'absence de celui-ci, l'Australien Cadel Evans fait figure de favori, au même titre que l'Espagnol Alejandro Valverde, qui vient de remporter le Critérium du Dauphiné libéré et a montré de réels progrès dans l'exercice du contre-la-montre. Mais les outsiders sont nombreux, et l'Italien Riccardo Ricco, surnommé le « Cobra », récent deuxième du Giro, qui a décidé au dernier moment de participer au Tour, se verrait bien jouer les trublions.
Pour la première fois depuis 1967, le Tour ne débute ni par un prologue ni par un contre-la-montre, mais par une étape en ligne (Brest-Plumelec, 197 km). En outre, les bonifications à l'arrivée ont été supprimées, le but étant de permettre une course de mouvement et de favoriser les offensives. Alejandro Valverde s'adjuge cette première étape et revêt le maillot jaune. La troisième étape (Saint-Malo - Nantes, 208 km) voit le succès du Français Samuel Dumoulin, alors qu'un autre Français, Romain Feillu, s'empare du maillot jaune. Les favoris vont pouvoir se jauger à l'occasion du premier contre-la-montre (quatrième étape, un circuit de 29 km autour de Cholet). Surprise : l'Allemand Stefan Schumacher s'impose et revêt le maillot jaune. Cadel Evans (quatrième à 21 s) a justifié son rang, Denis Menchov (onzième à 1 min 12 s) et Damiano Cunego (seizième à 1 min 26 s) ont limité les dégâts ; Alejandro Valverde (dix-septième à 1 min 27 s) a déçu. Le sprinter britannique Mark Cavendish remporte la cinquième étape (Cholet-Châteauroux, 232 km) – il s'adjugera encore trois victoires avant d'abandonner au pied des Alpes. La moyenne montagne est au menu de la sixième étape (Aigurande - Super-Besse, 195,5 km) : Riccardo Ricco s'impose en force, alors que Stefan Schumacher, victime d'une chute près de l'arrivée, doit laisser son maillot jaune au Luxembourgeois Kim Kirchen. La première étape pyrénéenne (neuvième étape, 224 km) conduit les coureurs de Toulouse à Bagnères-de-Bigorre : Riccardo Ricco s'envole dans le col d'Aspin et l'emporte. Le « Cobra » avait annoncé qu'il favoriserait le succès de son coéquipier de l'équipe Saunier-Duval Leonardo Piepoli le lendemain, 14 juillet (Pau-Hautacam, 156 km) : de fait on assiste à une démonstration de cette formation, puisque Piepoli s'impose, devant son coéquipier Juan José Cobo Acebo ; le Luxembourgeois Frank Schleck est troisième à 28 s ; les principaux favoris terminent à 2 min 17 s ; mais Alejandro Valverde et Damiano Cunego, décrochés dès le Tourmalet, concèdent près de 6 minutes et hypothèquent leurs chances de victoire finale. L'Australien Cadel Evans revêt le maillot jaune, avec 1 seconde d'avance sur Frank Schleck, alors que les cinq premiers se tiennent en 1 minute.
Mais, dès le 17 juillet, le dopage fait de nouveau la une de l'actualité du Tour : Riccardo Ricco a été contrôlé positif à la CERA (continuous erythropoietin receptor activator), une EPO retard de troisième génération récemment « mise sur le marché ». L'équipe Saunier-Duval quitte l'épreuve.
Jusqu'aux Alpes, les favoris[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification