2009 96e Tour de France
La course
L'effervescence médiatique semble encore plus manifeste que de coutume au moment du départ de ce quatre-vingt-seizième Tour de France. Quelle est la raison de ce bouillonnement ? Tout simplement, le retour sur la Grande Boucle de Lance Armstrong, qui avait pris sa retraite sportive en 2005 à l'issue de son septième triomphe à Paris, marqué par un constat de divorce entre l'Américain et le public français. Quelles sont donc les motivations du Texan, âgé de près de trente-huit ans ? Officiellement, ce come-back doit permettre la promotion de sa fondation de lutte contre le cancer, Livestrong. Mais, au fil des mois et de performances encourageantes (il a pris la douzième place du Giro), l'ambition est revenue à ce compétiteur-né et il entend bien peser sur la course, envisageant même une huitième victoire. Néanmoins, pour tous les spécialistes, pareil succès après une retraite de trois années est totalement impossible. Un net favori se dégage donc : l'Espagnol Alberto Contador, vainqueur du Tour en 2007 et qui a remporté en 2008 le Giro et la Vuelta. Pour beaucoup, son seul « point faible » est de courir au sein de la formation Astana – pourtant la meilleure du lot –, où il devra affirmer son leadership vis-à-vis de son coéquipier... Lance Armstrong. Parmi les autres prétendants à la victoire, la presse cite poliment mais sans conviction le nom du vainqueur de l'édition 2008, l'Espagnol Carlos Sastre. Les suffrages vont plutôt au jeune Luxembourgeois Andy Schleck, à l'Australien Cadel Evans, deuxième en 2007 et en 2008, ou au Russe Denis Menchov, qui vient de remporter le Giro.
La première étape est un contre-la-montre de 15,5 kilomètres autour de Monaco. Le Suisse Fabian Cancellara, spécialiste de l'exercice, s'impose nettement. Mais Alberto Contador, deuxième à 18 secondes, confirme d'emblée ses ambitions. Cadel Evans, cinquième à 23 secondes, tient son rang, tandis que Lance Armstrong, dixième à 40 secondes, réaliste une prestation encourageante. Andy Schleck concède 1 minute, Carlos Sastre, 1 min 6 s, alors que Denis Menchov (cinquante-troisième à 1 min 31 s) s'est écroulé. La deuxième étape (Monaco-Brignoles, 187 km) voit la victoire du rapide Britannique Mark Cavendish, qui va s'affirmer comme le meilleur sprinter du peloton. Le lendemain, entre Marseille et La Grande-Motte (196 km), la course connaît un premier soubresaut : dans le vent, une « bordure » se forme : vingt-sept coureurs se détachent et franchissent la ligne d'arrivée 41 secondes avant le reste du peloton. Ce fait de course n'a rien d'anecdotique : à l'avant se trouvait Lance Armstrong ; à l'arrière, on comptait tous les favoris, dont Alberto Contador, furieux de la manœuvre orchestrée par son encombrant coéquipier. À l'occasion de la quatrième étape, le contre-la-montre par équipes (39 km autour de Montpellier) fait son retour sur la Grande Boucle (le dernier contre-la-montre par équipes datait du Tour 2005). Cet exercice provoque un magnifique suspense : la formation Astana s'avère la meilleure et, au fil des kilomètres, le retard de l'équipe du maillot jaune Fabian Cancellara, la Saxo Bank, augmente. Chacun se prend à imaginer un improbable scénario : Lance Armstrong pourrait bien revêtir de nouveau le maillot jaune. Finalement, l'Américain échoue dans sa quête pour... deux dixièmes de seconde ! Mais le frisson a gagné toute la caravane. En outre, deux des prétendants au podium voient déjà leurs chances s'évanouir : Denis Menchov, dont l'équipe Rabobank concède 2 min 20 s à la formation kazakhe ; Cadel Evans, relégué avec son équipe Silence-Lotto à 2 min 35 s.
Le peloton aborde les Pyrénées à l'occasion de la septième étape (Barcelone - Andorre-Arcalis, 224 km), le 10 juillet. Plusieurs coureurs prennent[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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