2012- 99e Tour de France
La course
On compte deux absents de marque au départ de ce quatre-vingt-dix-neuvième Tour de France : l'Espagnol Alberto Contador et le Luxembourgeois Andy Schleck. Le premier purge une suspension rétroactive de deux ans pour un contrôle antidopage positif (traces de clenbuterol) durant le Tour 2010 ; le second, qui fut le grand animateur de l'édition de 2011, souffre d'une fracture de la hanche et a dû déclarer forfait. Aussi l'Australien Cadel Evans semble-t-il en bonne position pour succéder à lui-même au palmarès. Son principal rival devrait être le Britannique Bradley Wiggins, vainqueur en cette année 2012 de Paris-Nice et du Critérium du Dauphiné, qui dispose en outre d'une formation solide, l'équipe Sky. Certains chroniqueurs avancent les noms de l'Italien Vincenzo Nibali, qui a renoncé à disputer le Giro pour préparer le Tour, du Luxembourgeois Fränk Schleck, du Néerlandais Robert Gesink, du Belge Jurgen Van den Broeck, tous aptes à jouer les trouble-fête.
Le prologue, à Liège, voit la victoire du spécialiste de l'exercice, le Suisse Fabian Cancellara, devant Bradley Wiggins (à 7 s), alors que Cadel Evans est en retrait (treizième, à 17 s). La première semaine est marquée par l'émergence du jeune Slovaque Peter Sagan, capable aussi bien de remporter la première étape (Liège-Seraing, 198 km) en force que la sixième (Épernay-Metz, 207,5 km) à l'issue d'un sprint massif. La septième étape (7 juillet, 199 km) conduit les coureurs de Tomblaine au sommet de La Planche des Belles Filles, dans les Vosges. Dans la côte finale, l'équipe Sky de Bradley Wiggins imprime un train très soutenu ; de nombreux concurrents sont distancés, et le Britannique Christopher Froome, un coéquipier de Bradley Wiggins, s'impose ; Wiggins endosse le maillot jaune. Le lendemain, dans la moyenne montagne, entre Belfort et Porrentruy (157,5 km), le jeune Français Thibaut Pinot (vingt-deux ans) prend les devants dans le col de la Croix, et il parvient à résister au groupe des favoris : sélectionné à la dernière minute dans la formation F.D.J.-BigMat pour disputer le Tour, il s'adjuge le plus joli succès de sa carrière naissante.
Les hommes forts du Tour ont l'occasion de s'étalonner le 9 juillet, entre Arc-et-Senans et Besançon, à l'occasion du premier contre-la-montre (41,5 km) : Bradley Wiggins l'emporte, devant Christopher Froome (à 16 s), alors que Cadel Evans ne se classe que sixième, à 1 min 19 s – le terrain accidenté semblait pourtant propice à une belle performance de sa part. Le Français Thomas Voeckler gagne de belle manière la dixième étape (Mâcon - Bellegarde-sur-Valserine, 194,5 km). Le lendemain, son coéquipier au sein de l'équipe Europcar et compatriote Pierre Rolland s'impose à La Toussuire, devant Thibaut Pinot, tandis que Cadel Evans concède plus de 1 minute à tous ses principaux rivaux.
Dans les Pyrénées, la quatorzième étape est le théâtre d'un événement déplorable : des clous ont été semés au sommet du col de Péguère, ce qui provoque de nombreuses crevaisons et aurait pu avoir de graves conséquences pour l'intégrité physique des coureurs. Après que le Français Pierrick Fédrigo a gagné la quinzième étape (Samatan-Pau, 158,5 km), Thomas Voeckler réussit un grand numéro entre Pau et Bagnères-de-Luchon (seizième étape, 197 km) : il passe en tête au sommet des quatre cols au programme de la journée (Aubisque, Tourmalet, Aspin, Peyresourde), s'assurant le maillot de meilleur grimpeur, et franchit en vainqueur la ligne d'arrivée. À l'arrière, Cadel Evans est décroché dans le col d'Aspin : désormais septième du classement général à 8 min 6 s de Bradley Wiggins, il voit ses chances de victoire finale s'envoler.
Le Tour se dénoue de façon curieuse, le 19 juillet, dans la[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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