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CORVEY ABBAYE DE

Abbaye bénédictine, Corvey fut fondée en 816 sur la rive gauche de la Weser (Hesse) par l'abbaye picarde de Corbie, sous le nom de Nova Corbeia. L'église carolingienne, bâtie de 822 à 844, fut remplacée en 1667 par une construction gothicisante baroque. On connaît par les fouilles la forme de l'église carolingienne, qui était une basilique à longue nef, à transept étroit de type « indivis », à grande abside contournée par une crypte sur laquelle s'ouvraient trois chapelles orientées. L'importance de Corvey réside dans son « massif occidental » carolingien, bâti entre 873 et 885, et conservé sur le devant de l'église du xviie siècle. C'est, malgré quelques altérations romanes, le meilleur exemple subsistant de ces grandes constructions occidentales, à plusieurs étages, que nous connaissons surtout par des textes et des documents anciens. Au niveau du sol, le passage vers l'église est assuré par une sorte de crypte voûtée, portée par des colonnes. Au-dessus de cette crypte, une vaste salle entourée de tribunes, dotée d'un autel, s'ouvre vers la nef de l'église par des arcades. La tribune occidentale était réservée à l'emplacement d'un trône ; une tour carrée, flanquée de deux tours d'escalier, surmonte l'ensemble de la construction. Les fonctions liturgiques de ce massif étaient multiples : chœur occidental supérieur servant à certaines cérémonies, « salle impériale » avec tribune pour le souverain et sa cour, etc. On connaît le modèle du massif de Corvey ; c'est celui que comportait l'abbaye carolingienne de Saint-Riquier (près d'Abbeville en Picardie), célèbre sous le nom de Centula, bâtie vers 800 et connue par des descriptions et par une miniature médiévale reproduite au xviie siècle.

Les massifs occidentaux carolingiens ont donné lieu, par transformations successives de leur parti, à plusieurs types romans ou gothiques de façades : à trois tours, comme à Marmoutier (Alsace), à deux tours reliées par une tribune, comme à Jumièges (Normandie), à une seule tour munie de tribune, comme à Saint-Germain-des-Prés à Paris, à des formes transversales semblables au transept (cathédrale de Spire), à des contre-chœurs occidentaux surmontant un passage (Hersfeld en Hesse), etc. Ce fut une des plus fécondes inventions de l'architecture carolingienne, inspirée des narthex byzantins à tribunes des constructions impériales de Ravenne et de Constantinople.

— Louis GRODECKI

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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  • OTTONIEN ART

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    ...environ, la Saxe prend une fois de plus une importance particulière. Autour des évangiles venant de Quedlinburg (ms. 755, Morgan Library, New York) naît à Corvey un groupe de manuscrits qui s'inspirent d'œuvres de la basse époque carolingienne et dont les formes se retrouvent jusque dans les livres exécutés...