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MONTMAJOUR ABBAYE DE

Installée sur une butte rocheuse longtemps entourée de marécages, l'ancienne abbaye de Montmajour est située à quatre kilomètres au nord-est d'Arles. Bien qu'elle soit citée dans les textes dès le milieu du xe siècle, aucune de ses constructions n'appartient à une époque aussi haute. Le bâtiment le plus ancien, une chapelle à nef unique, accrochée au flanc méridional du rocher, est en relation avec un ensemble de cavités, peut-être aménagées pour la vie érémitique. On retiendra surtout dans ce modeste édifice, dédié à saint Pierre, la présence de chapiteaux et d'un pilier orné, qui représentent des incunables de la sculpture romane en Provence.

La principale église, consacrée à la Vierge Marie, se dresse sur la butte elle-même. C'est un monument magnifique, qui était en construction au milieu du xiie siècle. La rectitude de ses volumes et la perfection de sa stéréotomie attestent que les architectes de Provence avaient alors parfaitement assimilé l'enseignement des monuments antiques de la région. Le soubassement du chœur, qui rachète la dénivellation du terrain, forme une sorte de crypte. Une rotonde centrale est entourée d'un déambulatoire sur lequel se greffent cinq chapelles rayonnantes. Cette organisation architecturale convenait parfaitement à une abbaye faisant l'objet d'un pèlerinage.

À l'est de Notre-Dame, la petite chapelle de Sainte-Croix se recommande par le symbolisme de son plan. Dessinant au sol un quatre-feuilles, elle paraît avoir une destination funéraire. Elle ne date que de la seconde moitié du xiie siècle. Du monastère roman il ne subsiste guère, en dehors de l'église Notre-Dame, que le cloître. Celui-ci n'a d'ailleurs été terminé qu'au xive siècle par une galerie aux chapiteaux historiés. Il a fait, en outre, l'objet de remaniements à différentes époques. Il faut évoquer encore une tour puissante, élevée en 1369 pour défendre le logis abbatial, et surtout un nouveau monastère construit au xviiie siècle à l'ouest de l'ancien. Le mérite en revient aux moines de la congrégation de Saint-Maur, qui s'étaient établis à Montmajour en 1639. Il s'agissait d'un ensemble sobre, mais d'une grande noblesse, élevé par l'architecte Jean-Baptiste Franque. Il demeura malheureusement inachevé et, d'ailleurs, la partie construite fut victime du vandalisme révolutionnaire et postrévolutionnaire. Il n'en reste que des ruines.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

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  • CLOÎTRES

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    • 5 514 mots
    • 3 médias
    ...profusion du décor, la richesse du matériau, l'ambition du programme iconographique. Les grands cloîtres de la région rhodanienne : SaintTrophime d' Arles, Montmajour, Saint-Guilhem-le-Désert, Saint-Donat-sur-l'Herbasse, constituent, malgré leurs dates de construction diverses, un groupe cohérent dont la...