LIGUGÉ ABBAYE SAINT-MARTIN DE
L'abbaye de Ligugé, dans la Vienne, est l'une des plus anciennes de la Gaule. En 361, une petite communauté d’ascètes s’était implantée sur ce site,occupé par une villa gallo-romaine. Saint-Martin, d’après son biographe Sulpice Sévère, s’y était retiré entre 361 et 370, date de son élection à l’épiscopat de Tours. Depuis la Seconde Guerre mondiale, des campagnes de fouilles, dont l’interprétation reste discutée, ont mis au jour un édifice à nef unique et à abside semi-circulaire. Situé au-dessous du sol romain, dans un ancien silo semble-t-il, il pourrait correspondre aux premières implantations, de même qu’un édifice à l’est dont l’entrée, dégagée, était ornée de colonnes de remploi ; il fut parfois considéré comme un baptistère, sans preuves décisives. À l’ouest de l’ensemble un édifice de plan cruciforme a été découvert, peut-être un martyrium à mettre en rapport avec un miracle de saint Martin, une résurrection mentionnée par Grégoire de Tours. On lui ajouta à l'ouest une nef de trois vaisseaux et à l'est un grand chevet cruciforme avec un carré central accosté d'annexes latérales, pourvues chacune d'une absidiole orientée. Une crypte rectangulaire, évidée de trois niches dans le mur oriental, a été mise au jour. La datation de ces remaniements, carolingiens ou romains, est encore controversée. Plusieurs éléments de décor et de mobilier ont été retrouvés. Enfin, à quelque distance de là, les vestiges d’un habitat pourraient appartenir aux bâtiments monastiques primitifs.
L'histoire ultérieure de Saint-Martin est mieux connue : Ligugé est alors un prieuré bénédictin relevant de l'abbaye de Maillezais (Vendée). Des travaux, vraisemblablement considérables, ont dû en modifier l'aspect qui n'est connu actuellement que par les fouilles. Au xive siècle, une nouvelle église fut édifiée, en léger retrait vers l'est par rapport à la précédente. Dans la première moitié du xvie siècle, on songea à restaurer l'édifice, cruellement atteint pendant la guerre de Cent Ans. Geoffroy d'Estissac, prieur avant de devenir abbé de Maillezais, édifia une vaste salle rectangulaire de style flamboyant, couverte de voûtes à huit nervures et terminée par un chevet plat.
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Écrit par
- Alain ERLANDE-BRANDENBURG : conservateur général honoraire du Patrimoine
Classification
Autres références
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MONASTIQUE ARCHITECTURE
- Écrit par Carol HEITZ
- 8 277 mots
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