ABBAYE
Les grandes abbayes médiévales
Les grandes abbayes bénédictines, dont la fondation s'échelonne du ve au xiie siècle, et dont certaines existent encore (elles sont en italique ci-dessous) en Italie : Subiaco, Monte Cassino, Farfa, La Chiuja, La Cava, sans parler de Camaldoli et de Vallombrosa qui formèrent des rameaux séparés de l'ordre bénédictin ; en France : Saint-Victor de Marseille, Conques, Saint-Bénigne de Dijon, Corbie, Saint-Denis, Fleury-Saint-Benoît-sur-Loire, Aniane, Saint-Pons de Tomières, Cluny, Le Bec, la Sauve-Majeure, Tiron ; en Angleterre, Bangor, Jarrow, Saint-Albans, Battle ; en Écosse : Iona ; en Irlande : Bangor ; en Allemagne et dans l'Empire : Saint-Gall, Fulda, Tegernsee, Gorze, Corvey, Hirsau, Brogne, Saint-Vanne de Verdun, Einsiedeln ; en Pologne : Tyniec ; en Hongrie : Pannonhalma, en Espagne : Silos, Ripoll, Montserrat, Sahagun. Elles ressemblaient toutes, plus ou moins, à la Chaise-Dieu, et certaines d'entre elles avaient, comme celle-ci, constitué des congrégations, « groupement de plusieurs monastères autonomes sous un même supérieur », faites d'abbayes filiales et de prieurés dépendants, les plus importantes étant celles de Cluny, de loin la première, de la Cava, de Saint-Victor de Marseille, de Hirsau.
Dès le xie siècle cependant, l'observance bénédictine réglementée par Benoît, abbé d'Aniane, à l'époque carolingienne, ne satisfaisait plus certains, épris de perfection évangélique, qui trouvaient les monastères existants trop près du monde, trop préoccupés du temporel, offrant une vie pieuse, sans doute, mais trop douce. D'où l'apparition de mouvements monastiques caractérisés par la recherche de la solitude, de la pauvreté, de la mortification, tels Grandmont, la Chartreuse, Cîteaux, Fontevrault.
Grandmont fut le lieu de retraite, dans la montagne limousine, des disciples d'Étienne « de Muret » après la mort de ce saint ermite (1124). Ces religieux menaient, dans la solitude et la pauvreté, une vie austère de prière contemplative, de travaux manuels, de bienfaisance, facilitée par le fait que les convers avaient l'entière gestion du temporel sous la direction générale du prieur. Favorisés par les Plantagenêts, les grandmontains connurent, au xiie siècle, une expansion rapide dans toute l'Aquitaine, mais les convers finirent par prétendre avoir toute l'autorité et se révoltèrent, en 1185-1188, puis en 1214-1220, ce qui amena le déclin de l'ordre, que le pape Jean XXII essaya, sans grand succès, de réorganiser en 1317.
Fontevrault fut fondée en 1101 par l'ermite prédicateur Robert d'Arbrissel, pour les disciples, femmes et hommes, que l'ardeur de sa parole arrachait au siècle, et comprit bientôt le Grand Moûtier qui aurait compté trois cents moniales, la Madeleine pour les filles repenties, Saint-Benoît pour les infirmes, Saint-Lazare pour les lépreux, enfin Saint-Jean-l'Habit pour les hommes. La règle était celle de saint Benoît, l'accent était mis sur l'abstinence et le silence perpétuels. La grande originalité en était que l'autorité dans l'abbaye mère appartenait à l'abbesse, tenant la place de la Vierge Marie, et dans les maisons dépendantes à la prieure. Favorisé par les rois angevins, l'ordre s'étendit dans leurs possessions, en France et en Angleterre ; il atteignit son apogée au milieu du xiiie siècle. Puis la discipline se relâcha, le recrutement diminua, tandis que les religieux essayaient de s'affranchir de l'autorité de l'abbesse.
Après ces deux ordres assez rapidement touchés par la décadence, celui des chartreux est le seul qui n'ait jamais été réformé, le seul auquel d'autres religieux peuvent, sans en demander l'autorisation, passer, comme au plus parfait. Fondé par Bruno, célèbre maître des écoles[...]
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Écrit par
- Pierre-Roger GAUSSIN : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon, directeur du Collège littéraire universitaire de Saint-Étienne
Classification
Médias
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