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ABBÉ PIERRE HENRI GROUÈS dit L' (1912-2007)

L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, voit le jour à Lyon le 5 août 1912. Il est le cinquième d'une famille de huit enfants qu'il qualifie lui-même de bourgeoise. Cette famille nombreuse lui vaudra d'avoir cent vingt-trois neveux et nièces, tous âges, tous degrés et toutes conditions confondus, qui lui demanderont de répondre à leurs questions à l'occasion du cinquantième anniversaire de son ordination de prêtre, à la Pentecôte 1988. Ce qu'il fera. « Les amis à qui j'ai montré ces questions, écrit-il en 1994 dans son Testament, n'ont cessé de me dire : il faut y répondre, ce sont les questions que se posent aujourd'hui tous les gens de bonne volonté. » Les amis de l'abbé Pierre savaient qu'ils visaient juste en faisant référence à tous les gens de bonne volonté. Ceux-là, en effet, ont été la hantise, toute sa vie, de cet homme d'apparence chétive, simple prêtre à la soutane élimée, que la France laïque et républicaine allait placer, des années durant, à la tête de ses « personnalités préférées » et à qui elle a rendu un hommage national le jour de ses obsèques.

Rien, pourtant, ne laissait entrevoir ce qui allait, pendant un demi-siècle, devenir le mythe « abbé Pierre ». Henri Grouès venait, il le dit lui-même, de vivre « la jeunesse turbulente d'un bourgeois » quand, à l'âge de quinze ans, malade, il rentre d'un pèlerinage de collégiens et s'arrête avec eux à Assise. C'est la semaine de Pâques. Le jeune Henri part seul sur un chemin à flanc de montagne « et là, dit-il, deux évidences se sont imposées à moi : l'universalité et l'intensité d'action qu'il y avait dans l'adoration ». Quelque temps plus tard, le soir de leurs noces d'argent, il annonce à ses parents qu'il veut se faire moine cloîtré, dans l'ordre le plus pauvre, celui des Capucins. Il y restera sept ans, priant toutes les nuits de minuit à deux heures du matin. « Cette notion d'adoration, confiera-t-il plus tard, a été là, à Assise, un choc qui a marqué ma vie entière. » C'est dans la prière contemplative en effet qu'il puisera, tout au long de son existence au service des plus pauvres, la force d'agir. Ce qui fait dire à son biographe Pierre Lunel que « l'abbé Pierre était un mystique agissant ».

Sa santé fragile oblige Henri Grouès à quitter la vie religieuse cloîtrée. Il devient donc simple prêtre, le 24 août 1938. Quelques années plus tard, exerçant son ministère de vicaire à la cathédrale de Grenoble, il héberge les juifs qui frappent à sa porte. Nous sommes en juillet 1942. Un peu de temps encore, et voilà Grouès qui participe à l'organisation des maquis en Chartreuse et dans le Vercors. Il emprunte alors différents noms, dont celui d'abbé Pierre. Le résistant qu'il est devenu rejoint le général de Gaulle à Alger en 1944. Le goût de servir son pays l'a saisi et le poursuit. De 1945 à 1951, l'abbé Pierre est député M.R.P. de Meurthe-et-Moselle. La politique est, pour lui, synonyme de défense du bien commun. Il ne cessera jamais de s'en faire l'avocat et d'y trouver des alliés pour l'immense croisade contre la pauvreté qu'il va mener.

Car le curé-député a fondé, en 1949, les premières communautés des Chiffonniers d'Emmaüs après avoir accueilli dans sa maison un forçat assassin et commencé avec lui à bâtir pour les sans-abri. Mais la réalité sociale de l'après-guerre dépasse de loin ce qu'il avait imaginé. Ils sont des milliers, probablement plutôt des dizaines de milliers, à mourir de froid dans le trop rude hiver de l'année 1954. L'abbé Pierre, qui n'en peut plus de ce trop douloureux spectacle, décide de s'adresser à la France entière. Sur Radio Luxembourg la voix fragile s'écrie : « Mes amis, au secours ! » L'insurrection[...]

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Écrit par

  • : journaliste-écrivain, président du Centre national de la presse catholique

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  • EXCLUSION

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    • 1 média

    En 1954, l'abbé Pierre lance un appel resté célèbre : « Mes amis, au secours ! Une femme vient de mourir gelée... Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans pain, plus d'un presque nu. [...] Devant leurs frères mourant de misère, une seule volonté doit exister entre hommes...

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    Né à Bogotá, dans une famille de la grande bourgeoisie citadine, Camilo Torres fait des études de droit et collabore au journal La Razón. Ordonné prêtre en 1952, il étudie la sociologie à Louvain, où il est nommé vice-recteur pour l'Amérique latine. À Paris, il travaille un temps avec l'abbé Pierre,...