Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

AREF ABDEL SALAM (1921-1966)

Abdel Salam Aref, 1966 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Abdel Salam Aref, 1966

Né d'une famille musulmane (son père, marchand de drap, était imam), Abdel Salam sera toute sa vie un fervent adepte de l'islam. Ce fait sous-tendra son action politique et guidera sa recherche de l'unité arabe et son socialisme modéré.

Formé à l'école militaire de Bagdad, Aref se distingue lors de la guerre de Palestine de 1948. Membre d'un groupe d'officiers hostiles à la politique du Premier ministre pro-occidental Nouri Saïd, le colonel Aref est l'un des principaux acteurs de la révolution du 14 juillet 1958. Il dirige l'attaque contre le palais royal de Bagdad où est massacrée la famille royale. Nommé vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur du gouvernement du général Kassem, il reçoit le commandement des forces armées. Il cherche à œuvrer pour l'unité arabe et rencontre Nasser, dont il sera toujours un fervent admirateur, en vue de préparer une union entre l'Irak et la République arabe unie. Kassem tente alors de l'écarter du pouvoir en le nommant ambassadeur à Bonn dès septembre 1958.

Aref revient à l'improviste à Bagdad deux mois plus tard, sans avoir rejoint son poste. Il est arrêté et inculpé de haute trahison. Jugé par le Tribunal du peuple et condamné à mort en février 1959, il voit sa peine commuée, sous la pression de l'opinion arabe, en détention à vie. Il est gracié par Kassem en novembre 1961.

Avec le Baath, il organise la révolution du 8 février 1963, dite révolution du 14 Ramadan, dirigée contre Kassem, qu'il fait exécuter. Le Conseil national l'élit président de la République, mais en fait le Baath s'attribue tout le pouvoir et mène notamment une répression sauvage contre les communistes irakiens. Une scission s'étant opportunément produite au sein du Baath, le maréchal Aref met à profit cette occasion pour renverser le régime baathiste « athée » le 18 novembre 1963. Jusqu'à l'accident d'hélicoptère où il trouve la mort dans des circonstances mal élucidées, le maréchal Aref gouverne en arbitrant les querelles qui opposent entre elles les multiples factions irakiennes.

Afin de saper l'influence que conservent dans le pays les baathistes et les communistes, il crée un parti de masse, l'Union socialiste arabe, et promulgue en juillet 1964 une série de décrets de nationalisation. Il continue de rechercher l'union avec la R.A.U., mais les projets d'unité complète demeurent lettre morte. Il représente l'Irak aux grandes conférences arabes du Caire, d'Alexandrie et de Casablanca. Il devait se montrer hostile au « pacte islamique » du roi Fayçal d'Arabie.

Cependant, le grand échec de sa politique vient de l'impossibilité de mettre fin à la rébellion kurde qui tient tout le nord du pays et à qui il ne veut pas accorder l'autonomie. Sa succession, qui apparaissait difficile, se trouve assurée sans trop de heurts par son frère Abdel Rahman Aref.

— Martine MEUSY

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : diplômée d'études supérieures de science politique, chargée d'études à la direction de la Documentation française

Classification

Média

Abdel Salam Aref, 1966 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Abdel Salam Aref, 1966

Autres références

  • BAKR AHMED HASSAN AL- (1912-1982)

    • Écrit par
    • 1 172 mots

    Aux discrètes obsèques d'Ahmed Hassan al- Bakr, le 5 octobre 1982 à Bagdad, trois personnalités mènent le deuil : Michel Aflak, un des fondateurs historiques du parti Baas auquel adhéra très tôt le jeune officier Bakr ; le roi Hussein de Jordanie, dont le cousin, Fayçal II d'...

  • IRAK

    • Écrit par , , , et
    • 29 452 mots
    • 25 médias
    ...d'unités militaires au secours du trône menacé du roi Hussein de Jordanie. La 20e brigade, commandée par le brigadier Haqqi, secondé par le colonel Abdel Salam Aref, un « officier libre », fait mouvement et opère sa jonction, le 13 juillet dans la nuit, avec la 19e, commandée par le brigadier...