BOUTEFLIKA ABDELAZIZ (1937-2021)
Président de la République algérienne de 1999 à 2019, Abdelaziz Bouteflika était un revenant politique, qui avait été écarté du pouvoir pendant près de vingt ans.
La guerre et l'homme d'État
Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), de parents originaires de Tlemcen, dans l'ouest de l'Algérie, il grandit dans un milieu modeste, sa mère étant gérante d'un bain maure. Il s'engage contre la présence coloniale française au moment de la guerre d'Algérie. Lorsque la grève des étudiants est décidée par le Front de libération nationale (FLN), en mai 1956, il rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), à la frontière algéro-marocaine, en wilaya V (Oranie). Très vite, il est affecté au secrétariat de l'état-major général de l'armée des frontières. Le commandant Si Abdelkader – son nom de guerre – est appelé à travailler au sein de l'état-major avec le colonel Houari Boumediene, dont il devient l'homme lige.
Après l'indépendance proclamée en juillet 1962, il est député de Tlemcen à l'Assemblée constituante et ministre de la Jeunesse et des Sports. Le 4 septembre 1963, il est confirmé officiellement à la tête du ministère des Affaires étrangères dont il restera le titulaire sans discontinuer pendant seize ans, jusqu'en février 1979. Désigné membre du comité central et du bureau politique du FLN le 23 avril 1964, appartenant au cercle restreint des intimes de Boumediene, il fait alors partie du fameux « groupe d'Oujda », qui réunit des officiers ayant combattu dans l'Ouest algérien pendant la guerre d'indépendance contre la France. Abdelaziz Bouteflika est directement à l'origine du processus ayant conduit au coup d'État du 19 juin 1965. En voulant le limoger, le président de la République, Ahmed Ben Bella, a en effet précipité sa propre chute.
Le point culminant de sa carrière de diplomate se situe en septembre 1974 : l'Assemblée générale de l'ONU le porte à sa présidence, le temps d'une session. Il réussit à faire exclure l'Afrique du Sud des travaux de l'Organisation et reçoit Yasser Arafat. Les États-Unis s'en agacent. Abdelaziz Bouteflika suit à Moscou le président Boumediene qui est hospitalisé en octobre et novembre 1978. Après le décès du chef de l'État algérien en décembre, il est nommé ministre conseiller à la présidence de la République. Mais, le président Boumediene disparu, l'heure des règlements de comptes sonne pour Abdelaziz Bouteflika. Devant la tombe de Houari Boumediene, le 9 décembre 1978, celui qui avait été son ministre des Affaires étrangères jure que la marche vers la révolution socialiste sera poursuivie. L'homme, pensait-on, allait succéder au chef de l'État défunt, dont il avait été le confident. L'armée en décide autrement et lui préfère l'un des siens, Chadli Bendjedid. Le 13 janvier 1980, le dauphin présumé est évincé du gouvernement. Sa disgrâce est confirmée en 1982. Il quitte l'Algérie pour y soigner une insuffisance rénale et partage son temps entre la Suisse, la France et le Proche-Orient, où ses talents de diplomate sont fort appréciés. Commence alors pour l'ancien chef de la diplomatie algérienne une « désintoxication » de la vie politique dont il a reconnu, en 1999, qu'elle fut « longue et douloureuse ».
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Écrit par
- Benjamin STORA : professeur émérite des Universités
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
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...le pays et au moins 500 000 exilés. Le traumatisme collectif qu’elle a engendré est considérable. L’Algérie est humiliée, coupée du monde, le pays est ruiné. Pour sortir de ce chaos, l’état-major de l’armée s’en remet à l’homme lige de Boumediene dans l’Algérie des années 1970,Abdelaziz Bouteflika.