FARÈS ABDERRAHMAN (1911-1991)
Notaire à Koléa, conseiller général d'Alger, membre de la première Assemblée constituante française de 1946, membre puis président de l'Assemblée algérienne, Abderrahman Farès a été un des représentants les plus actifs de la bourgeoisie libérale algérienne. Imprégné de culture française, il est un moment regardé, en raison de son hostilité aux méthodes de la rébellion, comme la dernière chance du « rétablissement de l'ordre » en Algérie. Mais, déçu par les lenteurs d'une politique de réformes hardies qu'il estime indispensable à cet effet, il signe, en septembre 1955, le Manifeste des 61 délégués du 2e Collège. Ceux-ci, doutant de la France, rejettent l'intégration préconisée par le gouverneur Soustelle et se réfèrent ouvertement à la « nationalité algérienne ». En septembre 1956, interviewé par Le Monde, Farès prend, sans équivoque, position en faveur du Front de libération national. Au cours de l'été de 1958, il est reçu à l'Élysée, tandis qu'il a de nombreux contacts avec les leaders algériens en Suisse. L'offre de « paix des braves », faite par de Gaulle en octobre, lui paraît maladroite et incomplète. La fin de non-recevoir opposée par le gouvernement provisoire de la République algérienne (G.P.R.A.) à cette offre lui est imputée, tandis que ses fréquentes visites à Ben Bella à Turquant ne passent pas inaperçues. Arrêté en novembre 1961 et inculpé d'atteinte à la sûreté de l'État, il sera libéré au lendemain des accords d'Évian et se verra confier la présidence de l'Exécutif provisoire algérien, c'est-à-dire la mission qui doit conduire à l'indépendance un pays livré aux violences de l'Organisation armée secrète. Il mettra fin à celles-ci en négociant en mars 1962 avec Jean-Jacques Susini.
L'indépendance proclamée, il se met au service du bureau politique de Ben Bella (en conflit avec le G.P.R.A.) à qui il remettra, le 27 septembre 1962, les pouvoirs de l'Exécutif provisoire. Membre de l'Assemblée nationale algérienne, il ne cache pas ses sentiments hostiles au pouvoir dont les réformes révolutionnaires lui paraissent trop rapides. Il est alors balayé par le régime qu'il avait servi. Placé en résidence surveillée en juillet 1964, dans le Sud algérien, il est libéré par Ben Bella en juin 1965, en même temps que plusieurs personnalités de l'opposition. Évincé de son étude de notaire lors de la nationalisation de cette profession en 1971, Farès partage ensuite son temps entre sa résidence de Koléa et des voyages en Europe.
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Écrit par
- Emile SCOTTO-LAVINA : journaliste
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