ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage
La lutte pour l'abolition de l'esclavage
Pour les abolitionnistes, il n'y avait qu'une solution : la suppression de l'esclavage lui-même. La campagne reprend en Angleterre où, toujours sous l'impulsion de Wilberforce, est créée en 1823 une Société anti-esclavagiste. En 1831, les esclaves du domaine de la Couronne sont affranchis. Le 28 août 1833, le roi sanctionne le bill d' émancipation générale voté par le Parlement. Toutefois, des précautions sont prises : indemnisation des propriétaires, délais de sept ans (pour les esclaves des plantations) et de cinq ans (pour les esclaves domestiques ou urbains). En fait, le 1er janvier 1838, l'émancipation peut être considérée comme acquise.
En France, même sous la Restauration, surgit une propagande abolitionniste. Elle est d'abord le fait d'évangélistes qui ont fondé la Société de morale chrétienne. Toute une littérature, de Bug Jargal de Victor Hugo à Tamango de Prosper Mérimée, évoque la traite ou la situation des esclaves. La Société de morale chrétienne couronne un livre de P.-A. Dufau sur l'abolition graduelle de l'esclavage, et on traduit l'ouvrage de l'abolitionniste anglais Clarkson : Le Cri des Africains. Après la chute de Charles X, le mouvement abolitionniste prend de nouvelles dimensions. Son principal animateur est désormais Victor Schœlcher.
En 1834 est fondée la Société pour l'abolition de l'esclavage. Les conditions deviennent favorables, car l'essor du sucre de betterave au détriment du sucre de canne diminue l'intérêt économique des colonies qui étaient spécialisées dans cette production.
Les abolitionnistes sont cependant divisés quant aux délais à prévoir. Pour la plupart, ils reculent devant les solutions radicales de Schœlcher et conseillent, comme le font de Tracy, Tocqueville, Agénor de Gasparrin ou Hippolyte Passy, des mesures transitoires. Tel est le sens des propositions de loi déposées à maintes reprises devant les Chambres. Pour Schœlcher, on ne saurait en même temps revendiquer le suffrage universel en métropole et tolérer l'esclavage dans les colonies. L'abolition de l'esclavage devient un des articles du programme démocratique. Le but ne sera atteint que lors de la chute de Louis-Philippe. À la différence de celui d'Angleterre, le mouvement abolitionniste français est étroitement lié aux crises révolutionnaires. Le décret du 27 avril 1848 proclame l'abolition immédiate de l'esclavage dans toutes les colonies et possessions françaises. En 1849, l'Assemblée nationale fixe une indemnité forfaitaire pour les anciens propriétaires d'esclaves. Les abolitionnistes français ont remporté cette fois une victoire définitive.
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Écrit par
- Jean BRUHAT : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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