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ABOU JIHAD (1935-1988)

«  Que devons-nous faire de la population civile ? », demanda le commandant Rabin à Ben Gourion. « Chassez-les », répondit en substance le Premier ministre d'Israël. Nous sommes en juillet 1948 et la jeune armée juive vient de s'emparer des villes arabes de Ramleh et Lydda (l'actuelle Lod). Obéissant, Itzhak Rabin donna les ordres en conséquence : des dizaines de milliers de Palestiniens expédiés au-delà des lignes du front devinrent des « réfugiés ».

Parmi eux, un jeune garçon de treize ans : « Ils nous ordonnèrent de quitter nos maisons et de nous rassembler en certains points de la route. Ils dirent qu'ils préparaient des autobus pour nous emmener à Ramallah. Nous passâmes là trois jours au bord du chemin. » L'enfant ne s'appelle pas encore Abou Jihad, mais jamais il n'oubliera cette scène. Khalil al Wazir était né le 10 octobre 1935 à Ramleh dans une famille de petits commerçants ; réfugié à Ramallah avec les siens, il ne tarde pas à rejoindre Gaza, sous administration égyptienne.

Les premiers temps sont très durs et le jeune Khalil doit se faire marchand ambulant de confiseries. Puis il peut poursuivre ses études secondaires dans une école de l'U.N.R.W.A., l'office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Il s'engage rapidement dans l'action politique et est élu secrétaire de l'Union des étudiants palestiniens de Gaza.

C'est très jeune qu'il adhère aux Frères musulmans, très puissants à l'époque en Égypte. Il reçoit un entraînement militaire de l'organisation mais sera arrêté en 1954 par les autorités nassériennes pour sa participation à des opérations de commandos contre Israël.

À la rentrée de 1956, il s'inscrit à l'université d'Alexandrie mais n'achève pas son année et part comme enseignant en Arabie Saoudite.

Avant, il a eu le temps de faire la connaissance d'un jeune ingénieur palestinien vivant au Caire, Yasser Arafat ; ils se retrouvent à Koweït en 1957. C'est l'année suivante que les deux hommes jettent les bases de ce qui sera le Fath, le Mouvement de libération de la Palestine qui publie, à partir de 1959, Falistinouna (Notre Palestine) dont Khalil al Wazir sera responsable, devenant le premier permanent du mouvement.

Mais ce n'est qu'en 1962, avec la constitution du premier comité central de dix membres, auquel participe Khalil al Wazir, que le Fath prend sa pleine dimension. L'organisation s'efforce, dans un contexte arabe peu favorable, de faire triompher ses vues : la libération de la Palestine doit être l'œuvre des Palestiniens eux-mêmes, et la lutte armée demeure la seule voie pour y parvenir.

La victoire du F.L.N. et l'indépendance algérienne en 1962 ont pesé lourd dans la définition de cette stratégie ; et, en novembre 1963, Abou Jihad est chargé d'ouvrir à Alger le premier bureau du Fath dans une capitale arabe. Les autorités algériennes acceptent aussi des étudiants palestiniens à l'académie militaire et la mise sur pied d'un camp d'entraînement. En outre, Abou Jihad établit les premiers contacts avec des pays socialistes et, en 1964, se rend en Chine, au Vietnam du Nord et en Corée du Nord.

Cette même année, il regagne Damas pour organiser avec Yasser Arafat le déclenchement de la lutte armée : le 11 janvier 1965, le Fath mène sa première opération armée contre Israël. Après la défaite arabe de juin 1967, le Fath a le vent en poupe : ses capacités militaires se renforcent et, en février 1969, Yasser Arafat devient le président de l'Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.).

Abou Jihad assume des fonctions de plus en plus importantes, en particulier sur le plan militaire. Commandant en chef adjoint des forces militaires du Fath, il est nommé en 1973 responsable de l'activité de cette organisation en[...]

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    ...de plusieurs groupuscules qui ont vu le jour dans le Golfe. Le mouvement, qui obtient le soutien initial de l'Irak et de l'Algérie de Ben Bella, lance sa première opération de commando en janvier 1965 sous l'impulsion de Khalil al-Wazir (le futur Abou Jihad), le seul à avoir déjà fait l'expérience...